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un regard sur le monde

Archive for septembre 2011

Insomnies

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Certaines insomnies sont pleines de rêves, douloureux comme des calculs. C’est aussi l’occasion d’ouvrir des livres, parfois des romans dans des langues étrangères sur lesquelles le silence du cœur de la nuit permet de se concentrer sans une distraction, et leur être infiniment perméables.

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29 septembre 2011 at 20:30

Publié dans vagabondages

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La guerre d’Irak et la sortie de l’Europe

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Ce qui m’a frappé au moment de la guerre d’Irak, en 2003, c’est le comportement dual de l’Europe. La France et l’Allemagne ont refusé de participer à cette guerre, tous les autres, comme de véritables états-croupions, l’ont soutenue. Cette fracture persiste aujourd’hui, et l’on se rend compte que l’on passe de l’Europe à l’intergouvernemental, et que la résolution de la crise repose là encore sur la France et l’Allemagne. C’est comme s’il n’y avait plus que deux états en Europe, deux états seulement à peser au plan international. La guerre d’Irak nous aura donc dessillé les yeux sur l’avenir d’une illusion.

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29 septembre 2011 at 20:23

Publié dans politique

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Boris Vian et Joan Baez à tous les enfants

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Je n’avais jamais réussi à trouver une video de cette chanson extraordinaire, et tellement d’actualité avec la guerre d’Irak.

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25 septembre 2011 at 13:39

Le prix sans limite du logement n’est-il pas une limite mise à l’ampleur de nos vies ?

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« je n’ai pas demandé à être propriétaire, mais j’ai acheté en banlieue, parce que je ne pouvais plus payer un loyer à Paris ». Ce n’est pas par amour de la propriété que les gens achètent, mais pour s’assurer un logement où qu’il soit. Le logement n’est plus une valeur d’usage, mais un placement, que l’on peut aussi laisser vide pour la plus-value, qu’un éventuel locataire pourrait diminuer en réduisant la liquidité du bien. Une fois que l’on a acheté, on ne bouge plus. L’achat a réduit notre mobilité, et notre capacité de vivre ailleurs, de simplement changer de quartier. Je me rends compte que les relations se font lentement, et par affinités rares, et si elles ne sont pas liées au lieu de vie, elles en dépendent quand même fortement.

Jean Viard disait que l’on « vote là où l’on dort plutôt que là où l’on vit ». Un cadre moyen travaillant à Paris habitait à 20 minutes à pied de son lieu de travail avant les années 80, il en est à une heure et quart en train aujourd’hui. Avec cette transhumance quotidienne, nous avons perdu une unité de vie, un lien lâche entre le lieu de travail et le lieu de vie. Comme le décrit Richard Sennett, dans « le travail sans qualité », c’est que la mobilité professionnelle crée des mutants sans racines, même adventices, car la mobilité forcée vient à bout des liens qui peuvent se créer, et ceux-ci deviennent plus difficiles avec l’avancée en âge. Je crois aussi que les gens mobiles sont ceux qui se sentent le moins bien, qui quelque part, ont des difficultés d’adaptation, qui, ainsi, ont moins à perdre que d’autres. Leur désinvestissement lié à la mobilité est moins important.

Je me rends compte que je soutiens ainsi deux thèses opposées, l’une est que la propriété limite les possibilités, l’autre que la mobilité détruit le caractère. Sont-elles contradictoires ? non, car la propriété fige la vie dans un état de « raison », qui n’était pas forcément celui qui était visé, mais une sorte de choix contraint lié à une rationalité économique, d’un système de logement centrifuge qui nous pousse vers la périphérie de la ville. C’est une sorte de valorisation de cet exil, on accepte d’être propriétaire dans un lieu dont on n’aurait pas voulu être locataire, et on le voit de manière positive. La fluidité du logement nous permettrait de choisir davantage notre lieu de vie, d’en changer tout en restant dans le même monde, et d’accroître la vie. Pouvoir louer facilement rend plus libre par rapport aux problèmes que l’on peut rencontrer dans un quartier, ou une ville, et permet de changer d’horizon.

Pour satisfaire ce besoin de propriété, on a créé ce monstre qu’est le « quartier pavillonnaire », un lieu sans accès, sans commerces et sans vie, qui est présenté comme une promotion sociale. On soigne ses relations professionnelles et d’anciens de la même école, on prête moins d’attention à son voisinage, ce qui montre que le vrai terreau tient davantage à nos lieux de vie, qu’à notre lieu d’habitation.

La grande ville est constituée d’une série de cercles que l’on n’essaie de ne pas franchir, mais que l’instinct de propriété nous permet d’accepter en valorisant le changement de cercle, au-delà de nos aspirations. Nous avons perdu notre place en ville, et habitons des lieux qui ne se définissent plus.

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25 septembre 2011 at 11:27

Bloguer et lire protège-t-il contre l’Alzheimer

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Je viens d’apprendre au détour d’un article que lire et commenter ses lectures permet de lutter contre l’Alzheimer. La lecture ferait davantage travailler l’esprit que tous les jeux mentaux dédiés à cet effet. Bloguer et commenter le fil du temps, ce qu’on lit, permettrait ainsi de protéger la durée de vie ….de son intelligence.

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25 septembre 2011 at 10:28

Publié dans internet, littérature

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RAFP, un bien mauvais placement

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la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP) est à ma connaissance le seul cas de retraite par capitalisation non volontaire, et mis en place par une loi. Elle est alimentée à partir d’un prélèvement sur certaines rémunérations dans la fonction publique, lesquelles sont placées par un organisme (ERAFP). Je viens de découvrir avec stupeur le rendement actuel de ce « placement » : 4%. C’est moins intéressant que le livret A de la caisse d’épargne, car dès le décès on perd le capital ! Faisons un calcul simple de comparaison avec le livret A, et scindons ces 4% entre les 2,25 % que rapporterait le placement de cet argent sur un livret A, et le remboursement du capital investi qui est de 1,75 %. Question : combien faut-il de temps pour récupérer son capital initial : 100 %/1,75 % = 57 ans. Pour quelqu’un qui part à la retraite à 65 ans, il faut attendre l’âge de 65 + 57 = 122 ans pour que la RAFP devienne compétitive. Si vous vivez moins longtemps que Jeanne Calment, c’est un mauvais placement. N’importe qui avec cet argent aurait effectué de meilleurs placements, dont on ne sait s’il restera à ce niveau de 4%. Quand on pense que l’Etat a pris des textes pour transformer implicitement les jours de RTT non pris en placements sur ce fond, on comprend que cela ne lui coûte pas cher, et qu’il s’agit d’un principe idéologique.

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21 septembre 2011 at 19:45

Faut-il recréer les 60 000 postes d’enseignants supprimés comme le propose François Hollande ?

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Faut-il recréer les postes d’enseignants supprimés, comme le propose le candidat Hollande, sans doute aussi avec l’objectif de recueillir le vote enseignant, toujours très puissant au parti socialiste ? Doit-on considérer que l’on peut bâtir un programme dont le seul objectif sera de revenir en arrière, dans un état des choses antérieur ? Faut-il considérer que la RGPP est venue de nulle part, alors qu’elle a souvent mis en œuvre des réformes de l’administration qui ont longuement mûri depuis des décennies ? Sarkozy a été vu par beaucoup de fonctionnaires même comme un réformateur dynamique. Il ne semble pas raisonnable de revenir systématiquement sur ses réformes structurelles, sans réfléchir sur leur bilan. La question du nombre d’enseignants s’est posée depuis longtemps, avec des classes d’âge en baisse. Il y a quelques années, tout en maintenant globalement l’effectif de fonctionnaires, on affichait des suppressions d’emplois au budget, lesquelles étaient redéployées vers des secteurs prioritaires. Il y avait donc un processus de destruction /création, et l’on affichait ainsi des créations dans des secteurs prioritaires. L’échec de Sarkozy ne tient pas seulement à ces mesures, il tient à une volonté d’augmenter les inégalités, un échec dans le domaine du logement, à la réunion du Fouquet, où des riches qui avaient acheté un candidat, s’en sont partagé les bénéfices.

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21 septembre 2011 at 07:42

Mais quel est le statut des palestiniens ?

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Par suite d’une remarque anodine, concernant un courrier professionnel, qui évoquait un ressortissant palestinien, nous nous sommes demandé, mais quel est le statut des palestiniens ? à cette question simple, personne d’entre nous n’a été capable de répondre, et cette question revenait lancinante et sans réponse. En effet, en droit international, on a les citoyens de différents pays, avec une nationalité. Mais quelle est celle des palestiniens : sont-ils apatrides, israéliens, mais non, cela ne concerne que 700 000 arabes palestiniens, mais pas les autres.

Quel est donc le statut des gens qui habitent Gaza, la Cisjordanie ? sont-ils vraiment apatrides, je ne crois pas, mais sans statut clair à ma connaissance. Ils dépendent d’Israël, mais sans en avoir la nationalité, ni en être citoyens, comme autrefois les habitants des bantoustans, mais ceux-ci étaient sud-africains. Il suffit de poser cette simple question, pour comprendre l’enjeu de leur demande à l’ONU pour ce vendredi. Sont-ils des indigènes, des untermenschen, ou absolument rien en droit international. Ne pas exister, n’avoir aucun statut explicite, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de peuples dans cette situation dans le monde, même les roms sont roumains ou européens. La vacuité qui se révèle à cette simple question appelle un comblement. Un peuple ne peut vivre ainsi dans un non-droit.

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20 septembre 2011 at 22:29

la créativité malgré le collectif et les exemples conformistes du commerce culturel

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Le tout est plus que la somme des parties, axiome bien connu, mais l’inverse, tout aussi vrai, est bien moins connu. Il y a dans toute organisation collective un plus, mais aussi un moins pour chacune des parties prenantes, parce que l’on restreint aussi sa capacité de créativité au bénéfice de l’unité collective.

N’est-ce pas un problème de notre temps, d’ailleurs, le sentiment bien partagé de sacrifier une partie de soi-même, de rogner ses capacités, leur expression, pour rester dans la roue. A l’intérieur de n’importe quelle contrainte on se ménage un espace de liberté, de création, même modeste, sans cela, l’on ne pourrait trouver de sens à son activité. Pouvoir exprimer, pouvoir faire du nouveau, pouvoir agencer différemment les choses, c’est une aspiration qui transparait à travers les activités ludiques de notre époque. N’importe qui se rendra compte qu’une partie des romans lui tombent des mains, qu’il a le sentiment de pouvoir faire mieux, moins tout-petit-bourgeois, qu’il a des choses plus essentielles à dire. Est-ce que le roman actuel a pour but d’exprimer ce qui se tient derrière les choses, de les remettre en question, ou de nous enfoncer davantage dans ce qui est la conformité publicitaire.

Tant de gens sans moyens et relations sociales se disent cela, que c’est une part de l’explication du succès des blogs, ces lieux de littérature moderne à taille réduite où l’on peut toucher un public choisi, restreint, et inconnu. Le blog est la vraie littérature de notre temps, un jaillissement plein de divines surprises, de ce que les vrais gens pensent, et qui ne disposait pas d’espace pour exister. Qu’ils sont longs ces trajets de banlieue, où l’on est plus serré qu’il ne serait légal s’il s’agissait de bêtes à cornes, parmi les conversations inutiles au téléphone portable, d’une banalité plus banale que l’essence du concept de banalité lui-même. C’est dans cette ambiance compressée, que l’on songe à laisser son esprit fonctionner à plein, par associations d’idées, par évasion réactive, et que l’on prépare la littérature du pauvre d’aujourd’hui, comme il existe un art pauvre.

L’entassement dérisoire, qui emprisonne le corps, libère l’esprit.

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20 septembre 2011 at 22:17

La biographie de Clemenceau de Michel Winock

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Une biographie est un moyen de découvrir une époque à travers un personnage qui la traverse. La collection Perrin Tempus offre des livres de grande qualité en matière d’histoire, à un prix très modique. Le regard noir de Clemenceau vous accroche dès la couverture, du haut de ses 29 ans. C’est l’époque où il est le maire de Montmartre, durant la commune de Paris.

C’est un homme belliqueux, qui recourt au duel pour régler ses différends. Je n’ai lu encore qu’un tiers du livre, mais déjà j’ai été plongé dans des épisodes épiques et importants de l’histoire. Son affrontement avec Gambetta qu’il juge trop modéré, puis avec Ferry dont il critique l’intervention au Tonkin, et la politique de colonisation, qu’il attaque pour des raisons économiques, et de civilisation, ne partageant pas l’analyse sur la différence des races, que, déjà, les allemands pratiquent avec les français. On voit comment il soutient d’abord le général Boulanger, avant de le dénoncer, et son intervention pour empêcher Jules Ferry de devenir président de la république, en poussant la candidature de Sadi Carnot.

Il reproche à Jules Ferry sa modération réaliste vis-à-vis des catholiques, même si le pays n’est pas encore mur pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat. On apprend aussi qu’il fit un long voyage aux Etats-Unis, à l’instar de Tocqueville, d’où il ramena sa femme.

Ce n’est que bien plus tard, à 76 ans qu’il prendra le pouvoir, mais cette traversée de la fin du 19ème siècle est passionnante et érudite. L’art de Michel Winock est de nous faire connaitre de l’intérieur ces grands débats qui ont coupé leur temps en deux, et qui constituent le soubassement de questions politiques actuelles.