Archive for mars 2013
L’individualisme du spectacle
Autour de nous, nous ne voyons plus de familles rassemblées devant la télévision pour assister à un évènement sportif, un débat politique, un show. Ces grands partages nationaux appartiennent au passé, plus aucun évènement audiovisuel ne rassemble devant lui. Les gens choisissent leur chaine, chacun des enfants a son micro, sa tablette, et jouit de son spectacle à lui, sans communauté. Dans les transports, les gens ne se regardent plus, chacun est devenu plus transparent que jamais, devant tous ces regards accaparés par les smartphone. Chacun sa voie, chacun son écran. Le spectacle est devenu individuel.
Littératures et siècles
La littérature a épousé son siècle, à moins que ce ne soit l’inverse§.
Montaigne, au XVIème siècle, le temps des découvertes, de la première mondialisation, de l’ouverture au monde, du brassage des constats et des idées, en passant du coq à l’âne. Montaigne est le premier blogueur, qui semble avoir écrit en utilisant google, agrémentant ses réflexions d’exemples invraisemblables, de moeurs étranges de tribus lointaines.
Le XVIIème et le XVIIIème siècle, et leur littérature de cour, leurs interrogations théoriques, de cabinet, traduisent un monde fermé et farriné. Les épistoliers sont rois, c’est une littérature facebook.
Le XIXème siècle brasse des sociétés entières, de la cave au grenier, et s’intéresse à toutes les classes sociales dans d’immenses fresques qu’aucun contomporain ne pourrait réaliser. C’est l’époque de la littérature totale, qui tient de la place de nos livres, nos journaux, notre cinéma, et l’ensemble d’Internet.
Le XXème siècle, avec deux géants, Proust et son monde fermé, mais plus ironique que celui du XVII et XVIII, et Céline et tous les drames du XXème siècle, la guerre, le monde moderne, la banlieue, et ce sentiment d’être seul dans un siècle de furie.
La fin du XXème siècle, avec Houellebecq, et l’homme devenu seul et isolé, désabusé des libérations qui l’ont aliéné.
Que sera la littérature du XXIème siècle ?
Un retour à un Montaigne foisonnant, représenté par une sorte d’hypertexte, dont seront absents les grands leaders littéraires, qu’Internet ne permettra plus de faire émerger à titre individuel, parce que tout le monde sera lié à tout le monde ? la littérature sera collective ou ne sera pas, seule peut-être les voix intimes et chuchotées pourront encore se faire entendre dans ce fracas. Il se peut aussi que la littérature réaliste du XXIème siècle reprenne ce que la science-fiction et les visionnaires des siècles précédents ont pressenti, que ce qui était le genre, devienne majeur.
Grace Kelly est venue à Argenteuil ?
En 1924, John Kelly remporta une médaille d’or aux jeux olympiques de 1924 à Argenteuil.
Il avait déjà 35 ans, et Grace Kelly est née en 1929, soit quelques années après.
Est-ce que l’on peut imaginer qu’il a emmené sa fille en toute discrétion, pour lui montrer l’endroit où il s’est illustré près de Paris ? En fait, il faudrait inverser la question, est-ce qu’un père qui a remporté un grand titre a pu ne pas emmener ses enfants voir l’endroit où il a gagné une médaille olympique ? est-ce que c’est imaginable ? je me rends bien compte que non, et qu’il est évident que, loin des photographes, sans doute discrètement, en partant de Paris en voiture, John Kelly a du se rendre à Argenteuil pour montrer à sa fille ce lieu cher à sa mémoire. Cela fait partie des souvenirs intimes, de ceux que l’on ne veut partager avec personne d’autre qu’avec ses enfants, un « rosebud » à soi. Cette visite discrète, à l’opposé des rendez-vous mondains, où l’on se montre, est-il possible qu’il en reste quelques témoins encore dans la ville ? ils peuvent ne pas avoir été reconnus, être passés un soir, ou un matin frais, et qu’il y ait eu très peu de témoins, aucune image, aucune chronique.
C’est par le raisonnement que je me dis que ce passage a forcément eu lieu. Des biographes pourraient reconstituer le voyage de Paris à Argenteuil (10 kms), ce qu’ils se sont dit, ce qu’ils se sont souhaité, les paroles chères, précieuses qu’ils ont échangé, destinées à rester dans leur mémoire. Est-ce plutôt un romancier ou un cinéaste de l’intime qui pourrait nous présenter cette séquence de leur vie ? peut-être un cinéaste, les mots ont été rares, choisis, l’émotion plus présente que le bavardage, et puis la Seine en fond, avec les nuages de Monet, et les vieilles rues d’Argenteuil, dans les années 50, cela a quelque chose à voir avec le voyage à Rome de Rosselini.
Il reste à écrire ce scénario, reconstituer les dialogues, et trouver un cinéaste du sensible intéressé par l’idée
The hunter, un grand film écologiste
C’est un film passé inaperçu, dont on pourrait croire que c’est une série B alors que c’est un grand film. Willem Dafoe est grandiose dans le rôle de ce chasseur prêt à tout pour trouver le dernier tigre de tasmanie, mais il va prendre conscience de beaucoup de choses, de la cupidité, une course sans fin à laquelle il va décider de mettre fin. C’est une sorte de quête, à la recherche du Graal, d’un animal fabuleux et mythique dans une nature sauvage. Et que le tigre apparait presque en ombre chinoise, c’est une image d’anthologie et émouvante, comme une sorte d’apparition.
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