Archive for the ‘Jacques Brel’ Category
Brel is alive, il chante en nous
Ce sont des inconnus, comme ce chanteur dont je ne sais rien. Ils reprennent des chansons de chanteurs disparus, dont les droits d’auteur ne respectent pas la création, puisqu’ils réprimeraient plutôt ces reprises. Ces oeuvres vivent en eux, ils vibrent en les interprétant, et Jaques Brel est vivant, il continue son éternité en d’autres, avec d’autres voix, d’autres accompagnements, bien loin des embaumements officiels.
Et le verbe se fit chair
Je suis bien convaincu que ces droits d’auteur, censés protéger les valeurs artistiques, pour lesquels les familles des chanteurs morts se battent farouchement, n’ont aucun sens, et aucune justification. Ce n’est qu’une question d’argent, de « show-business » aurait-on dit autrefois. La seule survivance des grands chanteurs est dans les gens qui les reprennent, dont les paroles et la musique sont une vibration de leur corps, une hantise qui s’exprime. La chanson ne se met pas en conserve, pour se vendre comme des boîtes de petits pois. Elle est dans la réinterprétation permanente, elle habite ses adeptes et finit par passer dans leur ADN. Tout texte se fait chair à force d’être répété, interprété, ce qui est idée devient biologique. Ainsi, certains adeptes psalmodient des textes religieux anciens et se les approprient, pensent à travers eux, ou plutôt, les textes pensent pour eux, sont passés en eux, le verbe est devenu chair.
Tango funèbre
Je me suis inscrit sur un groupe consacré à Jacques Brel, et je l’ai presque aussitôt regretté. Je pensais trouver des gens de tous âges inspirés par ses chansons, pour lesquels elles étaient encore vivantes, et décrivaient, malgré le temps, la vie telle qu’elle était. J’ai en fait trouvé un musée, plein de reliques, de vieilles choses desséchées, de squelettes en quelque sorte. Je ne vois pas de commentaires qui expliqueraient en quoi ses chansons sont encore vivantes, inspirantes, à la limite y trouver des gens qui le continueraient, en réinterprétant ses œuvres. Je pensais y trouver des interprétations, à la guitare, a cappella, mais rien de tout cela. Comment transformer ce qui est vivant en nous, qui appartient à ceux qui le chantent encore, en quelque chose qui ressemble à un cimetière aux fleurs décolorés, un tango funèbre.
Bernard Bruel, un grand interprète de Brel
je reviens périodiquement sur cette video, de cet homme, qui sans être connu des medias, sans avoir reçu de formation musicale, interprète Brel de tout son coeur. Peut-être quelque chose de Roger Gicquel, une interprétation sincère, bien loin des paillettes de certains.
Lire Voltaire aujourd’hui, écouter Brel
je lis Voltaire, et je suis surpris de le trouver si moderne, avec sa connaissance encyclopédique de la religion, et ses paroles, si proches de celles de Renan, ou de Emmanuel Carrère dans son dernier livre, ce dernier n’a rien inventé, il a découvert une vieille veine. Voltaire nous est indispensable, je ne l’aurais jamais cru dans ma jeunesse, tout comme Brel, que j’écoute toujours, car ses textes sont terriblement modernes dans ce monde qui recule.
I read Voltaire, and I am surprised to find him so modern, with his encyclopedic knowledge of religion, and his words, so close to those of Renan, or Emmanuel Carrère in his latest book, the latter invented nothing, he discovered an old vein. Voltaire is indispensable, I would have never thought in my youth, like Brel, I always listen because his lyrics are terribly modern in this world that recedes.
Jacques Brel ne nous accompagnera pas jusqu’au bout
Loin de ces textes insignifiants portés par des voix masculines suraigües, Jacques Brel nous aura accompagné toute notre vie, sauf pour la dernière partie, car nous l’avons dépassé en âge. Des tourments de la jeunesse, à ceux de l’âge moyen, jusqu’à la cinquantaine « ces villes épuisées, par ces enfants de cinquante ans » « nous lisons dans les yeux des ravissantes, que cinquante ans c’est la province », il nous a laissé là avant de dépasser le demi-siècle. L’accompagnement de ses textes déchirés va nous manquer pour accompagner cette dernière période de notre vie, à moins que « les vieux » n’ait préfiguré ce qu’il a préféré ne pas vivre.
variété de la vie
Les gens sortent du bureau où ils ont passé leur journée devant un écran d’ordinateur, prennent les transports en commun où ils vont pouvoir se détendre en fixant l’écran de leur smartphone, avant de se réinstaller devant les divers écrans de télé, d’ordinateur, ou de tablette qu’ils vont retrouver chez eux pour vraiment couper avec leur journée de travail. Tout cela me fait penser à ces vieux de Jacques Brel, qui vont du lit au lit, mais en tellement plus modernes.
le dernier disque
J’ai cessé de m’intéresser à la chanson française à partir de 1978, c’est l’année où Brel est mort, et où il a sorti des chansons fabuleuses, que l’on n’a plus égalé depuis. On peut augmenter les aigus, mettre de l’orchestration, brasser les lieux communs de l’époque, mais on ne peut faire aussi profond. C’est une année qui pour moi clôt l’histoire de la grande chanson française, celle qui portait des textes, qui vous prenait aux tripes. Aujourd’hui, on a plus de diplômés, mais personne ne peut produire de tels écrits chantés, comme si la qualité d’écriture n’allait pas avec les diplômes, mais avec la capacité d’émotions que ces chanteurs, nés avant guerre, ont possédé à un point jamais égalé. C’est un constat que font les gens de ma génération sans doute parce que l’on dispose du recul du temps, à moins que les musiques entendues jeunes ne se gravent à jamais dans nos esprits (malgré les lois sur le téléchargement, et le contrôle d’Hadopi) selon une théorie neuronale.
Temps créatif
Sur une journée, combien d’heures de routine, de temps passé en transport, devant une télé abrutissante qui nous gorge de pubs, d’émissions stupides, de fausses nouvelles ?
Il faudrait compter le temps passé dans une vie, à être un peu réflexif, créatif, à apporter du nouveau, qui ne soit pas du pré-maché, à essayer de voir les choses différemment et nous nous rendrions compte que, bon an mal an, comme le chantait, Jacques Brel, « on ne vit qu’une heure ».
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