Archive for the ‘logement’ Category
Banlieue
J’habite une ville de banlieue, elle a du potentiel mais pas d’avenir. Je discute avec des habitants consternés qui voient leurs conditions de vie aller à vau-l’eau. Une preuve en est la déprime de l’immobilier où les prix du marché réel sont très inférieurs à ceux affichés. Les acheteurs potentiels viennent, se plaignent de la saleté de la ville et repartent sans avoir conclu.
Les élus locaux ont fui le centre-ville pour se refugier sur les collines où il reste encore des classes moyennes, et d’où la réalité de la véritable evolution de la ville semble leur échapper.
30% des gens vont voter, ainsi, la députée macroniste a été élue avec 18% des voix des inscrits. Elle tient un étrange discours où elle soutient le voilement des femmes, à l’intérieur d’un parti qui porte une attention névrotique à l’égalité des genres, à moins que ce ne soit qu’une stratégie de lutte pour les places. Elle espère ainsi additionner les voix des classes moyennes à celles des populations issues de l’émigration, alors qu’elle risque ainsi de retrancher l’une à l’autre. Serieusement, je vois mal quelqu’un comme moi, qui a toujours refusé l’emprise de l’obscurantisme, aller voter pour un tel discours.
Argenteuil, une nouvelle municipalité, espérons que……
Au bout d’un scrutin aux enjeux éminemment locaux, une liste de droite modérée a été élue.
Espérons qu’elle montre au moins autant de dynamisme que la précédente dans la rénovation de la ville, car nous ne pouvons nous permettre de descendre la pente, car déjà, les prix immobiliers sont purement virtuels, et les transactions n’existent plus qui pourraient leur donner une existence réelle.
Espérons que le seul enjeu ne sera pas la réduction des impôts au prix de l’abandon de l’entretien de la vie urbaine et culturelle.
Espérons que ce vote ne reflète pas la seule préoccupation des quartiers pavillonnaires, concrétisant ainsi le rêve d’une sécession qui les libérerait du poids des charges sociales liées à l ‘urbanité, et qu’ils pourraient ainsi consacrer à la seule culture de leur jardin derrière la maison, sans se sentir liés aux habitants d’une ville pauvre.
Espérons qu’il permette de conduire un destin commun, et non de dégraisser des frais liés à une zone pavillonnaire.
S’il n’est sans doute plus possible d’augmenter le parc des hlm, et qu’il n’est sans doute plus possible de maintenir les loyers au même prix, du moins que l’on travaille à une amélioration de la vie ici, et que l’on ait un objectif.
Paris serait vide à 20%, de nombreuses communes de droite ont empêché l’arrivée de nouveaux habitants de peur d’une perte d’homogénéité ethnique, et ont empêché l’édification de nouveaux immeubles, aggravant encore une crise du logement, laquelle contribue également à détériorer les transports en obligeant les gens à habiter de plus en plus loin de leur travail. Les drôles de dames qui se sont battues pour Paris n’ont jamais cité ces millions de parisiens, qui doivent chaque soir prendre de longs temps de transport pour simplement aller dormir. Nous sommes ainsi des millions de parisiens qui n’existent dans aucun discours politique, des êtres de néant qui marchent comme des robots le long des quais, dans un mouvement pendulaire, entre le petit Paris et le grand Paris.
On comprend qu’à diriger de telles villes, figées dans leur enfermement, Eric Raoult soit devenu un fou du sms, se prenant pour Strauss-Kahn, comme autrefois, sans doûte, en d’autres temps, on se prenait pour Rocco Sifredi.
Espérons que nous échappions à une division de la ville en deux communes l’une formée de pauvres au financement impossible, l’autre de zones de maisons d’une solitude écrasante et sans autre lien culturel que de rares barbecues.
la taxation du logement, une catastrophe annoncée pour Hollande
Le CAE (cae-note009 a produit un rapport sur la taxation du logement, qui a été très bizarrement bien repris par les journaux.
On comprend tout de suite qu’il s’agit d’un ballon d’essai bien promu, avant peut-être une annonce politique. L’idée est géniale, si vous n’avez pas de revenu, nous pouvons vous en inventer un, et après nous le taxerons.
Ce que propose Patrick Artus (qui travaille dans une banque comme économiste), c’est de considérer que les propriétaires bénéficient d’un « revenu implicite », puisqu’ils ne paient pas de loyer, et de taxer ce revenu ad hoc. Les propriétaires sont dénoncés comme immobilisés et improductifs, et le but est de subventionner plutôt « les gens qui prennent des risques ».
On se demande parfois pourquoi la république paie si cher des gens qui vont apporter d’aussi mauvais conseils. Quelle catastrophe serait pour le pouvoir socialiste l’application d’une telle mesure.
C’est au minimum un suicide politique pour Hollande, car il faut bien comprendre que la majorité des propriétaires se sont saignés pour acheter, en se privant de beaucoup de choses. Ils ont travaillé plus, et ont souvent du accepter d’habiter loin de leur lieu de travail pour pouvoir acheter. Ils ont, en région parisienne, vu passer devant eux des bénéficiaires de hlm qui, bien souvent, leur sont passés devant parce qu’ils avaient la bonne carte politique, et ont bénéficié d’une véritable rente de situation, et d’une vie facilitée par leurs moindres temps de transport. La taxe enfants, liée à la baisse du quotient familial risque également de les toucher de plein fouet.
On comprend que les banques fassent du lobbying pour inciter les gens à acheter plus d’actions, et à contester des propriétaires qui ne sont plus rentables une fois l’emprunt remboursé. Par ailleurs, ces gens qui ont réalisé le seul vrai investissement utile pour leur retraite, ne sont plus ligotés par les emprunts, ce qui est vu comme immoral, même si des retraités doivent reprendre un emploi pour payer des charges et des impôts locaux en explosion.
Je propose beaucoup mieux, que l’on ne joue pas petit bras, et que l’on nationalise le logement, pour le redistribuer en fonction de la taille de famille et de l’adresse du travail : on permettra ainsi à la France de retrouver la compétitivité que le prix du logement lui ôte, et on rationalisera ainsi les transports dans nos grandes villes.
Scellier, Robien, une ruine
j’ai souvent été démarché de manière très agressive pour « investir dans de l’immobilier locatif, qui se paie tout seul, et permet de réduire ses impôts ». Ce livre explique comment l’Etat a subventionné, plutôt que des hlm plus utiles, des constructions dans des zones où il n’existait aucune demande locative, et en vendant à des épargnants éloignés géographiquement, une belle affaire dans le sud, ou à la montagne. Il montre l’incroyable chaine des responsabilités du notaire, du banquier, du promoteur, qui ont abouti à cette catastrophe.
Cécile Duflot, le débat interdit ?
Pourquoi ces parlementaires qui n’ont pu voter la rigueur pour eux-mêmes, n’ont-ils eu d’autre argument que la bronca quand Duflot est venu évoquer la question du logement ?
Est-ce parce que le logement est un problème pour la nouvelle génération, plutôt que pour des notables de province, est-ce parce que la pénurie donne une impression de richesse à ceux qui sont propriétaires ?
L’Allemagne peut pratiquer une restriction salariale parce qu’elle est en décroissance démographique, que le logement ne pèse pas autant sur les foyers. Nous sommes dans la situation inverse, où chaque génération est moins bien logée que la précédente, et plus difficilement. Comment le parlement a-t-il pu donner cette image ridicule sur un sujet primordial.
Peut-on rêver d’une autre approche de la construction urbaine ? Il y a aussi la difficulté du vivre ensemble, qui incite les gens à se regrouper et à s’isoler dans des pavillons fort consommateurs d’espace, au détriment d’une ville plus civile et plus collective. Mais peut-être le collectif est-il perçu aujourd’hui comme un enfer, et faut-il se rassembler dans des quartiers homogènes socialement pour vivre bien. Il y a un lien entre la pénurie de logement, le séparatisme social, l’école, et notre société, les premiers sont les ingrédients de la dernière.
Il faut aussi se poser la question des temps de transport, car travailler quelque part sans pouvoir y habiter, et passer autant de temps dans les transports, alourdir son temps de travail d’une dizaine d’heures par semaine ou plus a quelque chose d’irrationnel. Je ne sais si nous pourrons améliorer notre propre gestion, si les pesanteurs sociales ne l’emporteront pas, mais c’est vrai qu’il faut au moins essayer. Le logement n’a pas vocation à devenir un bien spéculatif de substitution aux folies financières, c’est plutôt un droit qu’un bien marchand.
“C’était à Paris, une ville qui était alors si belle que bien des gens ont préféré y être pauvres, plutôt que riches n’importe où ailleurs.”
Le prix sans limite du logement n’est-il pas une limite mise à l’ampleur de nos vies ?
« je n’ai pas demandé à être propriétaire, mais j’ai acheté en banlieue, parce que je ne pouvais plus payer un loyer à Paris ». Ce n’est pas par amour de la propriété que les gens achètent, mais pour s’assurer un logement où qu’il soit. Le logement n’est plus une valeur d’usage, mais un placement, que l’on peut aussi laisser vide pour la plus-value, qu’un éventuel locataire pourrait diminuer en réduisant la liquidité du bien. Une fois que l’on a acheté, on ne bouge plus. L’achat a réduit notre mobilité, et notre capacité de vivre ailleurs, de simplement changer de quartier. Je me rends compte que les relations se font lentement, et par affinités rares, et si elles ne sont pas liées au lieu de vie, elles en dépendent quand même fortement.
Jean Viard disait que l’on « vote là où l’on dort plutôt que là où l’on vit ». Un cadre moyen travaillant à Paris habitait à 20 minutes à pied de son lieu de travail avant les années 80, il en est à une heure et quart en train aujourd’hui. Avec cette transhumance quotidienne, nous avons perdu une unité de vie, un lien lâche entre le lieu de travail et le lieu de vie. Comme le décrit Richard Sennett, dans « le travail sans qualité », c’est que la mobilité professionnelle crée des mutants sans racines, même adventices, car la mobilité forcée vient à bout des liens qui peuvent se créer, et ceux-ci deviennent plus difficiles avec l’avancée en âge. Je crois aussi que les gens mobiles sont ceux qui se sentent le moins bien, qui quelque part, ont des difficultés d’adaptation, qui, ainsi, ont moins à perdre que d’autres. Leur désinvestissement lié à la mobilité est moins important.
Je me rends compte que je soutiens ainsi deux thèses opposées, l’une est que la propriété limite les possibilités, l’autre que la mobilité détruit le caractère. Sont-elles contradictoires ? non, car la propriété fige la vie dans un état de « raison », qui n’était pas forcément celui qui était visé, mais une sorte de choix contraint lié à une rationalité économique, d’un système de logement centrifuge qui nous pousse vers la périphérie de la ville. C’est une sorte de valorisation de cet exil, on accepte d’être propriétaire dans un lieu dont on n’aurait pas voulu être locataire, et on le voit de manière positive. La fluidité du logement nous permettrait de choisir davantage notre lieu de vie, d’en changer tout en restant dans le même monde, et d’accroître la vie. Pouvoir louer facilement rend plus libre par rapport aux problèmes que l’on peut rencontrer dans un quartier, ou une ville, et permet de changer d’horizon.
Pour satisfaire ce besoin de propriété, on a créé ce monstre qu’est le « quartier pavillonnaire », un lieu sans accès, sans commerces et sans vie, qui est présenté comme une promotion sociale. On soigne ses relations professionnelles et d’anciens de la même école, on prête moins d’attention à son voisinage, ce qui montre que le vrai terreau tient davantage à nos lieux de vie, qu’à notre lieu d’habitation.
La grande ville est constituée d’une série de cercles que l’on n’essaie de ne pas franchir, mais que l’instinct de propriété nous permet d’accepter en valorisant le changement de cercle, au-delà de nos aspirations. Nous avons perdu notre place en ville, et habitons des lieux qui ne se définissent plus.
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