Archive for the ‘Ecole’ Category
Reproduction
Il est curieux que l’on entende tant de gens se réclamer de telle école, de tel lycée, et pourquoi pas de telle maternelle, comme d’un gage de qualité personnelle, alors que le système scolaire, qui fut partiellement méritocratique, semble avoir dépassé les pires prédictions des sociologues, et être devenu intensément reproductif. Paradoxalement, on ne voit personne se réclamer de son intelligence naturelle, de quelque chose d’inné qu’il ne devrait pas au système, parce que sans estampille officielle, l’inné manquerait de légitimité/. Pourtant, cette revendication de sortir de telle ou telle école a quelque chose d’un peu ridicule, comment peut-on se considérer comme la simple production d’un photocopieur même doré, et en être fier ?
Laïcité, et école privée
Finalement, nous « prêchons » la laïcité, mais nous mettons nos enfants à l’école privée catholique, parce que, compte tenu du système de reproduction, nous ne pouvons plus les inscrire à l’école publique.
Le dérisoire qui dure
Il semble que la tactique utilisée pour la défense de la « réforme » du collège, ce soit celle d’exposer des critiques si dérisoires, avec des réponses si polémiques, et tout aussi absurdes, qu’elles en occupent tout l’espace médiatique et empêche l’exposition de tout argumentaire construit et traitant des vraies questions. Les programmes constituent un sujet contingent, parce que ce n’est pas le texte du programme qui fait le cours, mais l’art et la formation de l’enseignant, ce n’est pas le manuel d’arbitrage qui crée le football, mais le jeu de Messi.
Chaque enseignant s’en accommodera, tout en conservant de larges marges d’interprétation de l’histoire. Une historienne avait écrit, on réforme les programmes d’histoire pour les adapter au goût du jour, mais ils ne sont pas plus vrais, seulement plus en phase avec leur époque.
Cette réforme est une mesure d’austérité, elle parle de l’égalité, mais au sens orwellien, car elle aboutira finalement à renforcer cette société scolaire séparée que nous vivons déjà, et qui est comme une dystopie d’anticipation pour ceux qui ont un peu d’ancienneté dans la vie.
La situation de porte-à-faux des étudiants en DUT
C’est au hasard d’une page que Michel Crozier nous explique pour quelle raison le CIP, ce contrat destiné à permettre l’embauche des jeunes 20% en dessous du SMIC a explosé en vol. C’est parce que, selon lui, une main incompétente a intégré les diplômés d’un DUT ou d’un BTS dans le dispositif. Peut-être les autres jeunes auraient été difficiles à mobiliser, mais y insérer la jeunesse la plus qualifiée sortant du système scolaire ne pouvait que mener à l’explosion.
La situation des IUT est singulière, car à la fois ces instituts ne délivrent qu’un diplôme à bas + 2, et ils accueillent par voie de sélection sur dossier les meilleurs lycéens, ceux du moins dont les ambitions en raison notamment de la situation des parents, ne leur permettent pas d’envisager des études longues, ou qui n’ont pas intégré de grandes écoles, notamment parce qu’ils se sont sous-estimés.
De ce fait ces jeunes réalisent très rapidement leur situation dans un système scolaire où leur valeur est plus élevé que le simple titre qui leur est remis, et ils sont de plus en plus nombreux à poursuivre leurs études, et à rentrer dans des grandes écoles et des écoles d’ingénieurs. Les tentatives de les toiser, en restreignant l’accès à ces instituts aux seuls bacs pro et technos a été un échec, en raison notamment de l’existence de cette sélection, unique à l’université.
A la fois on constate une offensive syndicale du supérieur, qui voudrait récupérer ces étudiants plutôt que les bacs professionnels, et une forte résistance de leur part pour conserver le droit d’intégrer des filières à haut niveau de débouché, tout en échappant aux facs pour le premier cycle, et en ambitionnant de continuer jusqu’au master ou devenir ingénieurs.
Il fallait vraiment une très grande méconnaissance de cette population, de ses aspirations, de la prise de conscience de sa valeur à travers un cycle d’études qui n’est pas élitiste, pour commettre une pareille erreur. Cette mesure avait réussi à mettre le doigt sur cette situation de porte-à-faux des Iutiens, non considérés académiquement, mais pourtant, et compte tenu de la situation économique, dans une filière de véritable réussite.