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Faut-il travailler plus ?
J’ai trouvé absolument ridicule le discours de notre président expliquant que nos difficultés provenaient des mesures telles que la retraite à 60 ans, et les 35 heures, alors que ce sont les seules mesures qui ont eu une incidence positive sur le chômage. Je me souviens que dans les années 70, sur Saint-Etienne, l’église militait pour les 35 heures pour des raisons humanistes, en considérant que le travail devait être partagé. L’homme ne se réduit pas à sa fonction travail, il a d’autres besoins, d’autres aspirations, d’autres devoirs. Les pauvres journalistes « en pot » n’ont pu rappeler que notre président avait lui-même augmenté la dette de 500 milliards en 4 ans, par une politique de finances publiques irresponsables, que la Cour des comptes et même Philippe Marini, président de la commission des finances du Sénat, ont épinglée. C’est donc un discours surréaliste qui a été tenu, où l’on mettait en cause tous les progrès de la société pour ne pas évoquer la régression des dernières années.
Doit-on vraiment travailler plus individuellement, ou collectivement ? l’Allemagne n’a peut-être pas les 354 heures, mais le travail féminin est moins répandu. Le travail féminin français est une sorte de miracle, il tient à une mentalité plus égalitaire, ou plus indifférenciée qu’ailleurs. Le travail féminin est fragile, il tient à certaines conditions sociales qui sont menacées. Il est aussi une obligation pour certaines, qui élèvent seules des enfants, mais les familles monoparentales existent aussi parce que la société les a rendues possibles.
Le discours sur le travailler plus ignore le rôle masculin en France, le partage des taches en famille, le temps que l’on consacre à autre chose qu’au travail, c’est une vision unidimentionnelle de l’être, dont le seul intérêt serait d’être une force de travail moins coûteuse pour l’économie. Le discours du MEDEF est celui d’une vision pauvre de l’homme, au moins EA Seillière rigolait in peto des énormités qu’il sortait pour provoquer, il n’est pas possible qu’il y ait cru un instant, et d’ailleurs personne ne le méprisait au point d’imaginer qu’il croyait à ce qu’il disait autrement que comme une bouffonnerie. J’ai toujours beaucoup ri en l’écoutant au second degré, peut-être riait-il avec moi du burlesque de ce qu’il racontait pour son public et ses adhérents.
On nous sert donc en modèle des pays qui n’ont pas réussi à rendre possible le travail féminin, du fait de leur organisation sociale et professionnelle. En réalité, les gens n’y travaillent pas plus, mais les rôles sexuels sont bien tranchés. Les économistes le disent, la retraite à 62 ou 67 ans demain, va retirer des emplois à la jeunesse, et les 35 heures, un temps moins important passé dans les transports concourraient à une meilleure qualité de vie.
L’Europe, sous le voile d’une vertu affichée, a permis de faire n’importe quoi. L’euro nous a mené sur un Titanic ivre menacé par les icebergs de la finance.
la créativité malgré le collectif et les exemples conformistes du commerce culturel
Le tout est plus que la somme des parties, axiome bien connu, mais l’inverse, tout aussi vrai, est bien moins connu. Il y a dans toute organisation collective un plus, mais aussi un moins pour chacune des parties prenantes, parce que l’on restreint aussi sa capacité de créativité au bénéfice de l’unité collective.
N’est-ce pas un problème de notre temps, d’ailleurs, le sentiment bien partagé de sacrifier une partie de soi-même, de rogner ses capacités, leur expression, pour rester dans la roue. A l’intérieur de n’importe quelle contrainte on se ménage un espace de liberté, de création, même modeste, sans cela, l’on ne pourrait trouver de sens à son activité. Pouvoir exprimer, pouvoir faire du nouveau, pouvoir agencer différemment les choses, c’est une aspiration qui transparait à travers les activités ludiques de notre époque. N’importe qui se rendra compte qu’une partie des romans lui tombent des mains, qu’il a le sentiment de pouvoir faire mieux, moins tout-petit-bourgeois, qu’il a des choses plus essentielles à dire. Est-ce que le roman actuel a pour but d’exprimer ce qui se tient derrière les choses, de les remettre en question, ou de nous enfoncer davantage dans ce qui est la conformité publicitaire.
Tant de gens sans moyens et relations sociales se disent cela, que c’est une part de l’explication du succès des blogs, ces lieux de littérature moderne à taille réduite où l’on peut toucher un public choisi, restreint, et inconnu. Le blog est la vraie littérature de notre temps, un jaillissement plein de divines surprises, de ce que les vrais gens pensent, et qui ne disposait pas d’espace pour exister. Qu’ils sont longs ces trajets de banlieue, où l’on est plus serré qu’il ne serait légal s’il s’agissait de bêtes à cornes, parmi les conversations inutiles au téléphone portable, d’une banalité plus banale que l’essence du concept de banalité lui-même. C’est dans cette ambiance compressée, que l’on songe à laisser son esprit fonctionner à plein, par associations d’idées, par évasion réactive, et que l’on prépare la littérature du pauvre d’aujourd’hui, comme il existe un art pauvre.
L’entassement dérisoire, qui emprisonne le corps, libère l’esprit.
Pourra-t-on un jour spéculer sur le prix des billets TGV ?
Avez-vous remarqué comme le « marché » des prix des billets TGV est variable sur Internet ? On croirait suivre les circonvolutions d’un marché hautement spéculatif. Lorsque vous consultez le prix d’un aller-retour Paris -Londres, le prix augmente de jour en jour jusqu’à quelques jours du départ. Si un internaute habile se lançait dans l’étude des variations de prix par saison, et en fonction de la date d’achat du billet, il découvrirait d’étranges courbes, où le produit peut gagner jusqu’à 50 % en quelques mois. Nous détenons là un potentiel de plus-values impressionnant, créé par l’entreprise publique. Je suis certains que les capitaux sont prêts, et que certains ont déjà imaginé de réaliser de somptueux gains en jouant du système. Il suffirait d’acheter des billets à l’avance, créer la pénurie sur la ligne Paris-Londres pour faire monter les prix, et de tout revendre au bon moment avec un gros bénéfice. Bien sur, la SNCF offre la possibilité de revendre son billet, mais seulement au prix où on l’a acheté. Je me demande d’ailleurs si la SNCF ne spécule pas elle-même : avec internet elle crée une sorte de rareté, qui lui permet de partir du prix réel du billet, pour en faire croitre le prix dans les mois qui suivent. C’est un intéressant mécanisme, dont je ne viens de réaliser que récemment le fonctionnement.
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