Archive for décembre 2013
L’interdiction du voile chez les fonctionnaires, un espace de liberté
On me raconte que du fait de l’interdiction du port du voile chez les fonctionnaires, les filles des quartiers qui travaillent dans les hôpitaux acquièrent un espace de liberté inconcevable dans les quartiers. Elles peuvent ainsi se maquiller et porter des bijoux, durant leur temps de travail, ce qui constitue la jouissance d’une liberté impossible autrement en raison de la pression sociale.
Une interdiction peut constituer une liberté, en levant toutes les pressions d’une société dans laquelle on serait immergée autrement.
Ce que peut encore nous apprendre l’histoire des croisades
C’est au détour d’une phrase d’un livre de Jacques Heers, médiéviste, que j’ai été frappé par l’une de ses réflexions. Selon lui, les arabes ne se sont jamais opposés aux pèlerinages à Jérusalem, car pour les arabes de l’époque, Jésus était un saint, et il leur aurait paru inconcevable de porter atteinte à ce droit de passage. Il explique que c’est la conquête turque qui a abouti à cette situation. On a du mal à comprendre le contexte des croisades, et ce choc de cette interdiction pour la chrétienté. Une religion qui pronait la non-violence, est entrée dans une guerre sainte, un concept non évident dont un historien, Jean Flori, a retracé la genèse dans croisades et Jihad. J’utilise souvent une métaphore actuelle, imaginons que les néo-conservateurs américains aient voulu mettre la main sur l’Arabie saoudite, et aient interdit l’accès à la Mecque. 1 milliard de musulmans seraient entrés en bouillonnement, et cela nous donne une idée du contexte de l’époque avec des arguments modernes.
Cette histoire nous apporte d’autres comparaisons, on a oublié aussi la création, bien longtemps avant la fondation d’Israel, les états latins d’orient, qui durèrent près de deux siècles, soit une durée historique qui fut 4 fois celle de cet état moderne. On peut noter des parallèles, les francs nés en orient étaient appelés des poulains, on parle de sabras en Israel. il est très rare que l’actualité fasse référence à ces états latins, qui semblent être tombés dans les oubliettes de l’histoire pour beaucoup de français. Mais après tout, comparaison n’est pas raison.
Bilan de blog 2013
Les lutins statisticiens de WordPress.com ont préparé le rapport annuel 2013 de ce blog.
En voici un extrait :
Le Concert Hall de l’Opéra de Sydney peut contenir 2.700 personnes. Ce blog a été vu 25 000 fois en 2013. S’il était un concert à l’Opéra de Sydney, il faudrait environ 9 spectacles pour accueillir tout le monde.
Argenteuil, le chantier du moyen-âge
Le chantier du prieuré d’Héloïse et Abélart avance, un toit recouvrira les ruines de l’ancienne crypte, et un jardin du moyen-âge a déjà été planté. En face, la chapelle Saint-Jean, qui rend d’autant plus moderne le bâtiment adjacent, prolonge cette vue. Un bar à vins devrait agrémenter ce futur coin pédestre, et j’ai parié que l’on y déposerait bientôt des cars de japonais pour profiter de cet endroit insolite.
Argenteuil, moyen-age et modernité
C’est sans doute une des images les plus saisissantes de l’Argenteuil actuel, que veut bâtir la municipalité, et qui pourrait devenir la carte postale mondiale de la ville, si quelqu’un en exploite commercialement l’idée. Cette opposition de cette chapelle romane, et de ce bâtiment moderne, l’opposition des matériaux aussi, le granuleux sobre du moyen-age, et le lisse et le vitré de la modernité.
Pourquoi les paquets de la poste n’arrivent plus ?
Avez-vous remarqué le nombre de paquets que l’on envoie par la poste et qui se perdent ?
A un point tel que ma mère, qui a 82 ans et a connu d’autres temps où la poste était plus efficace, s’étonne quotidiennement de faire ce constat. Un jour, elle nous a adressé un paquet pour la ville de A.. en région parisienne, et il n’est jamais arrivé. Elle n’a pas voulu lâcher le morceau et a appelé tous les services. A force de passer de poste en poste, elle est tombée sur quelqu’un qui lui a dit « mais ma pauvre dame, nous venons de nous faire voler un camion entier, qui a disparu corps et biens ».
Il semble qu’en d’autres temps on avait beaucoup moins de pertes, et qu’aujourd’hui, je l’ai constaté également à mes dépens, on a des pertes que personne ne compense, sauf à prendre une assurance qui vaudrait plus que l’envoi.
La situation de porte-à-faux des étudiants en DUT
C’est au hasard d’une page que Michel Crozier nous explique pour quelle raison le CIP, ce contrat destiné à permettre l’embauche des jeunes 20% en dessous du SMIC a explosé en vol. C’est parce que, selon lui, une main incompétente a intégré les diplômés d’un DUT ou d’un BTS dans le dispositif. Peut-être les autres jeunes auraient été difficiles à mobiliser, mais y insérer la jeunesse la plus qualifiée sortant du système scolaire ne pouvait que mener à l’explosion.
La situation des IUT est singulière, car à la fois ces instituts ne délivrent qu’un diplôme à bas + 2, et ils accueillent par voie de sélection sur dossier les meilleurs lycéens, ceux du moins dont les ambitions en raison notamment de la situation des parents, ne leur permettent pas d’envisager des études longues, ou qui n’ont pas intégré de grandes écoles, notamment parce qu’ils se sont sous-estimés.
De ce fait ces jeunes réalisent très rapidement leur situation dans un système scolaire où leur valeur est plus élevé que le simple titre qui leur est remis, et ils sont de plus en plus nombreux à poursuivre leurs études, et à rentrer dans des grandes écoles et des écoles d’ingénieurs. Les tentatives de les toiser, en restreignant l’accès à ces instituts aux seuls bacs pro et technos a été un échec, en raison notamment de l’existence de cette sélection, unique à l’université.
A la fois on constate une offensive syndicale du supérieur, qui voudrait récupérer ces étudiants plutôt que les bacs professionnels, et une forte résistance de leur part pour conserver le droit d’intégrer des filières à haut niveau de débouché, tout en échappant aux facs pour le premier cycle, et en ambitionnant de continuer jusqu’au master ou devenir ingénieurs.
Il fallait vraiment une très grande méconnaissance de cette population, de ses aspirations, de la prise de conscience de sa valeur à travers un cycle d’études qui n’est pas élitiste, pour commettre une pareille erreur. Cette mesure avait réussi à mettre le doigt sur cette situation de porte-à-faux des Iutiens, non considérés académiquement, mais pourtant, et compte tenu de la situation économique, dans une filière de véritable réussite.
Ce que Michel Crozier écrivait sur le système scolaire
Après Ivan Illich, je relis certains livres de ma bibliothèque, mais toujours plutôt des penseurs que des oeuvres de fiction. Je me suis plongé dans un livre de Michel Crozier, disparu récemment et déjà oublié, « la crise de l’intelligence », écrit en 1995 mais qu’il pourrait rééditer aujourd’hui sans que le fond en soit changé, même s’il n’intègre peut-être pas la RGPP et les décentralisations récentes.
Quel rapport avec Ivan Illich ? En page 38, je tombe sur cette citation extraordinaire pour un sociologue modéré autrement dans ses propos :
l’Education nationale « ne sait que faire de l’intelligence créative des enfants. Sa logique est celle d’un alambic de raffinerie où la distillation se ferait à l’envers. Ses produits nobles sont de plus en plus les grosses têtes chargés des savoirs les plus bitumineux qu’elle draine ensuite vers les grandes écoles pour les empâter encore de paraffines rigoureuses. Ses distillats les moins précieux sont les esprits légers et labiles, mélanges gazeux et essences essentielles, qu’elle a tendance à laisser échapper très tôt, préférant voir leur énergie et leur imagination exploser ailleurs que dans ses cornues. »
Les surprises de la surcôte des retraites de fonctionnaires
Le ministère des finances a mis en ligne un simulateur de calcul pour la retraite des fonctionnaires. Il présente l’intérêt d’afficher la retraite dont on disposerait à législation actuelle pour l’âge auquel on souhaite partir, mais il affiche aussi spontanément le résultat pour des âges plus avancés. On peut ainsi découvrir que pour un agent qui aurait ses 42 ans de cotisations à 62 ou 63 ans, et toucherait ainsi 75% de son traitement indiciaire (chez les cadres et ingénieurs, en tenant compte du fait que 30% du traitement est dit « indemnitaire », et ne compte pas pour le calcul de la retraite, cela représente 75% x 70% du salaire = 50% du dernier salaire), une prolongation jusqu’à 67 ans lui permet de bénéficier d’une surcôte, et de passer à près de 100 % de son dernier traitement indiciaire, soit 70% de son dernier salaire. Ainsi, grâce à ce simulateur, j’ai découvert qu’en travaillant seulement 4 années de plus, soit 10% d’une carrière, on pouvait augmenter sa retraite de 30% par le jeu de la surcôte.
Cette situation mérite que l’on s’y arrête, car les moins bonnes années d’une carrière, celles où l’on est le moins productif, entre 63 et 67 ans, valent un tiers de la carrière lors du calcul de la retraite.
Compte tenu des difficultés des jeunes générations, cette mesure risque d’être une très forte incitation à rester plus longtemps pour maximiser sa retraite, et celle de son conjoint survivant en cas de décès, du fait que la moitié de cette pension peut lui être reversée.
PS : on me fait remarquer que l’âge maximum d’activité est fixé à 65 ans lorsque l’on remplit toutes les conditions pour bénéficier d’une retraite complète, et que l’on ne pourrait ainsi continuer jusqu’à 67 ans. Le simulateur des finances, par contre, effectue bien un calcul jusqu’à 67 ans, alors que la grille remplis montre que l’on a ses 42 ans de cotisations : qui croire ?
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