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L’ivrogne par Alexandra Cravero
Les femmes reprennent Brel beaucoup mieux que les hommes, qui semblent ne pas pouvoir retrouver et exprimes son immense sensibilité.
Léo Ferré fout-il le camp du net ?
J’ai cherché vainement « le testament » de Léo Ferré sur youtube, et je me suis rendu compte avec horreur qu’il était devenu introuvable. C’est comme si j’alzheimerisais, comme si ma culture foutait le camp. Il est probable qu’une quelconque censure, un rappel des droits d’auteur a obligé le déposeur de cette video à la retirer. Cette chanson française, celle de Barbara, Ferré, Brel, Brassens, Reggianni, est ma culture la plus profonde, celle qui m’a pénétré jusqu’au fond des tripes quand j’étais ado, c’est mon âme, et le seul media qui ait jamais exprimé ce que je ressentais. Depuis, d’autres ont suivi, mais si insignifiants qu’ils n’ont jamais pu soutenir la comparaison avec ces ainés inoubliables.
Tous mes chanteurs sont morts, ils ne restent que leur ombre sur youtube, si la dictature des droits d’auteur les retire progressivement, ce sera comme une mort culturelle pour moi, je ne pourrai plus les convoquer d’un clic. Ces voix se tairont à jamais « avec nos magnétophones qui se souviennent de ces voix qui se sont tues » disait Ferré, et c’est très vrai. Un jour, je chantais Brel pour moi, et j’ai soudain réalisé qu’il était mort, que je n’en verrai plus que le reflet dans ces multiples videos, figées à jamais. Et je me suis rendu que Brel vivant, c’était moi, que je pouvais encore le chanter, le moduler, lui donner de la vie, l’incarner, et que nous, ces amateurs du temps où la chanson française avait des textes, nous étions des héritiers indispensables, les dernièrs à porter ce qui avait disparu.
Je me suis ainsi rendu compte que nous portions en nous un relais, une voix, qui s’était tue à jamais. Cette vibration que nous avions éprouvée, nous étions les seuls à pouvoir encore la restituer, à l’habiter.
Sur youtube, les chanteurs désespérés
Je me prends souvent à rechercher les différentes versions d’une même chanson sur youtube, à essayer de découvrir le chanteur le plus méconnu possible, mais je crois qu’il est une catégorie singulière à qui Youtube a permis d’émerger, c’est le chanteur désespéré. C’est souvent un homme, il vit seul avec un hamster qui tourne tristement dans une cage, et sa voix cassée accompagne musicalement un appartement en désordre garni de très vieux meubles Ikea. Youtube est manifestement la dernière chance du chanteur désespéré de se faire connaître, il nous regarde dans les yeux, presque larmoyant, de tant de douleurs et de méconnaissance. Youtube est on unique bouée de sauvetage, son seul espoir qu’un peu de la gloire des nouvelles technologies lui revienne, et qu’enfin, il dispose d’une scène pour lui. Il chante des chansons oubliées, mais qui parlent pour lui, du temps où la chanson française avait de si beaux textes qu’elle était inexportable, c’est dire à quel point elle était française. C’est le type de chanteur qui m’émeut, comme s’il avait conservé la religion de la chanson française dans une sorte de culte secret. Il se présente presque presque à nu, avec ses tatouages visibles, sa douleur dans le regard mouillé, qui semblent relater une vie difficile. Sans le net, nous ne l’aurions croisé qu’au coin de la rue, ou dans une fête quelconque dont il aurait brisé l’ambiance.
Herman Van Veen chante « Ich weiss », de J Brel
Personne ne le connait en France, pourtant écouter l’adaptation en allemande de « Voir un ami pleurer », c’est quand même vibrant.
Ich weiß, es gibt noch immer Kriege
und nicht nur in Afghanistan
Ich weiß, gefragt sind heut’ Intrige,
Gerissenheit und Größenwahn
Ich weiß, auch Reiche sind bestechlich,
daß Kluge Dummheiten Begeh’n
Ich weiß, wer weich ist, gilt als Schwächling
doch ich kann keinen weinen seh’n
Ich weiß, daß junge Leute morden
im Dienste für Menschlichkeit
die größten Gauner tragen Orden
der Zeitgeist macht sich ziemlich breit
Ich weiß, daß Menschensich belügen
selbst wenn sie vor dem Spiegel steh’n
weil sich selber nicht genügen
doch ich kann keinen weinen seh’n
Ich weiß auch wohl: Vergleiche hinken
doch steht in meinem Tagebuch
der Volksmund sagt: Geld kann nicht stinken
woran erinnert sein Geruch
Die menschen sind oft so durchtrieben
und so schlimmes ist gesche’n
daß mir nicht leicht fällt, sie zu lieben
doch ich kann keinen weinen seh’n
Ich weiß, wir können schlecht verlieren
und geben Fehler ungern zu
und wenn uns Dinge irritieren
dann machen wir sie zum Tabu
Ich weiß, das Herz verliert die Flügel
und irgendwann bleibt es dann steh’n
Ich weiß, der Tod hat uns am Zügel
doch ich kann keinen weinen seh’n
Mouron chante Brel
Toujours à ma recherche des interprètes de Brel, je suis tombé par hasard sur cette chanteuse, dont la voix est poignante et très respectueuse de l’esprit de Brel; Elle est même fantastique, finalement ce sont les femmes qui, souvent, le chantent mieux. C’est bien supérieur à Pagny. C’est une fille simple, « j’essaie d’être digne de lui » précise-t-elle, pas une machine à fric sans sensibilité comme le chanteur susnommé.
Brel, Amsterdam a cappella
là je ne sais pas si cette video mérite de figurer dans ce blog, même si j’aime bien trouver des interprétations saugrenues. Enfin, si elle peut vous amuser un peu.
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