Archive for the ‘organisation de l’espace’ Category
Coût d’éloignement
Un des facteursvde la crise tient aussi à l’éloignement du centre des villes, que ce soit la fuite de la proche banlieue vers la grande banlieue, ou la sortie des villes moyennes dans le cadre de la rurbanisation.
Cette recherche de la « qualité de vie » s’avère insoutenable avec la hausse du carburant et la réduction des services publics, la vie devient plus couteuse et plus difficile.
Le modele s’essouffle, d’où la crise.
Argenteuil, dans le jardin d’Héloïse, le carré du moyen-âge
Jardin d’Héloïse, mon lieu de repos du week-end. Au moins, cet après-midi, il a été ouvert, est-ce une réponse de la CAAB (communauté d’agglomération Argenteuil Bezons) à l’intervention de M. Metezeau ?
J’y suis seul, ce qui est idéal pour prendre des photos du carré moyenâgeux, observer les toiles d’araignées immenses, les abeilles. J’aimerais rester ainsi, aller d’un endroit à l’autre, regarder longuement, lire, photographier, car je n’ai plus le goût du dessin, comme si le monde était un jardin d’Eden.
Je marchais vite autrefois, moins aujourd’hui, car c’est le but qui a disparu.
C’est comme si ce jardin était devenu mon lieu de retrait, à défaut d’une retraite longue. Je dispose des outils modernes de diffusion, mais je ne suis pas certain qu’ils trouvent un public pour ce que j’y mets., car seuls les plus anciens ont le goût des textes, et d’une certaines manière, ce sont des moyens plus adaptés à la diffusion des videos de chats qu’à celle de l’oeuvre de Proust. La diffusion est virale, mais pour le plus facile, le moins exigeant.
J’ai mon bureau à l’ombre, car l’ombre y est rare, et il faut profiter d’une haie pour en avoir un peu. On écrit mieux dehors, en dehors de chez soi, et ce lieu désert est tellement chargé d’histoire qu’il devra inspirer des écrits. C’est l’endroit le plus mythique d’Argenteuil, mais il faut beaucoup d’imagination pour reconstituer l’endroit tel qu’il fut au moyen-âge.
Il présente peu de centres d’attrait, peu de possibilités de loisirs, ce qui explique sa faible fréquentation. D’autant que ses heures d’ouverture sont aléatoires, jamais affichées, et qu’il est donc difficile de s’y rendre volontairement. On n’y voit pas de jeunes, il faut être vieux pour en apprécier le vide, et le calme, où il faut les souvenirs, les réflexions d’une vie pur meubler confortablement ce vide justement.
Les enfants ont besoin de stimulation constante, l’ennui leur est une sensation douloureuse.
Pour les gens mûrs, il n’est plus d’accès partagé à la nouveauté, elle leur facilite tout au plus la vie, mais la digestion lente et la réinterprétation du passé leur prend presque tout leur temps. Il est des choses que nous avons vécues sans les comprendre, et il faut être armé par l’expérience pour les regarder à nouveau avec une interprétation différente. La lecture, l’expérience amènent les sucs digestifs nécessaires à cette digestion de notre passé, qui nous prendra toute la fin de notre vie. . Nous consacrons moins de force au présent et à l’avenir.
Argenteuil, la butte des chataigniers qui domine Paris
Un parc, qui doit effectuer sa jonction avec la butte d’Orgemont, a été créé sur cette ancienne carrière de gypse. D’une hauteur de 125 mètres, elle domine tout Paris, Montmartre, la défense, et la tour Eiffel.
Paris, Beaugrenelle
J’ai connu l’ancien centre Beaugrenelle il y a longtemps, et son plan était beaucoup plus simple, on ne s’y perdait pas. Le nouveau m’a semblé si anxiogène, proche en cela de la défense, de la part-dieu à Lyon ou de Saint- Lazare. On se retrouve dans un centre fermé, où les chemins ne sont jamais directs, on semble avoir tout fait pour que les escalators ne soient pas alignés, et qu’il faille effectuer un tour du puits central pour en retrouver la suite. C’est une bonbonnière oppressante, un attrape-bobos où les prix sont costauds et les lieux pour se reposer rares ou hors de prix. La garderie d’enfants est à 10€ de l’heure, le parking à 1€ pour trois heures.
Il semble que ce plan soit devenu universel avec un resserrement dramatique des lieux de passage, résumés à des escalators étroits, qui, sans doute, obligent à regarder les marques autour de soi. Autrefois, les grands magasins avaient de larges escaliers, aujourd’hui la mode est inversée.
On ne trouve jamais de magasins trop utiles, les librairies ne sont jamais profondes dans ces lieux, se résumant à présenter les best-sellers du moment, on y découvre par contre les dernières technologies geek, et tout est fait pour y faire des folies, se promener en se soumettant à la tentation, plutôt que de rendre un service plus utile au passant.
Ces lieux sont soft, on ne peut y distribuer librement de tracts, car ils ne sont pas des rues mais des espaces privés. On s’y sent manquer d’air et l’on regrette rapidement les promenades dans les vraies rues.
Pour moi, ils sont inappropriables, jamais on ne gardera la mémoire de ces lieux changeants et lisses, et l’on n’y aura pas d’habitude, on n’ y connaitra pas d’évènement humain marquant. Ce sont les lieux de l’anonymat luxueux, des promenades sans aspérités.
Nous sommes déjà dans une sorte de science-fiction, celle qui imagine un univers d’où l’humain ne serait plus humain, mais plus insignifiant qu’un rat de laboratoire. C’est une sorte d’anti-quartier latin, de ces lieux un peu désordonnées pleins de surprises, et qui peuvent faire partie d’une mémoire humaine.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.