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un regard sur le monde

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j’ai visité l’expo Guy Debord

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J’ai visité l’expo Guy Debord à la TGB, et j’ai été frappé comme tout le monde par ses milliers de fiches, recopies de livres qu’il insérait ensuite dans ses ouvrages et films. A un point tel qu’on l’a qualifié de « plagiaire ». Il est vrai que l’on peut se poser la question, tant ce travail de notation a été systématique, et que beaucoup de ses phrases sont des « détournements », c’est à dire une note altérée. Il y a un côté vieillot à consulter tous ces tracts jaunis, et une contestation presque estudiantine, qui ressemble aux jeux de toutes les générations d’étudiants.

Sa force est que sa critique des medias, du fonctionnement du système a été confirmée, au-delà peut-être de ce qu’il imaginait. Il a toutefois réussi à trouver le mécène qui lui a procuré une vie bourgeoise et confortable, ce que l’un des journaux d’époque souligne.

De sa compagne, Michelle Bernstein, j’avais apprécié un texte trouvé sur le net. Elle est spontanée et se défend bien devant un vieux routier de l’actualité littéraire, pour son livre « tous les chevaux du roi », aujourd »‘hui réédité.

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12 Mai 2013 at 18:51

L’individualisme du spectacle

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Autour de nous, nous ne voyons plus de familles rassemblées devant la télévision pour assister à un évènement sportif, un débat politique, un show. Ces grands partages nationaux appartiennent au passé, plus aucun évènement audiovisuel ne rassemble devant lui. Les gens choisissent leur chaine, chacun des enfants a son micro, sa tablette, et jouit de son spectacle à lui, sans communauté. Dans les transports, les gens ne se regardent plus, chacun est devenu plus transparent que jamais, devant tous ces regards accaparés par les smartphone. Chacun sa voie, chacun son écran. Le spectacle est devenu individuel.

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31 mars 2013 at 11:41

Les Cassandre ratés

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Personne n’a bien saisi la situation française, et le laxisme qui a prévalu pendant 10 ans en matière de finances publiques. On lit ainsi des économistes-Cassandre très déçus, par des bons résultats pourtant évidents sur le taux d’intérêt de la dette, qui se comprennent parce que l’effort de rigueur adresse un message clair. On sent la rage de ces pamphlets de gens déçus par ce qui prouve qu’ils n’avaient rien compris à ce qu’ils ont raconté. Ils ont défendu un système financier fuligineux, où rien de ce qu’ils croyaient n’a existé, un système dont la « richesse créée » s’évapore comme une brume d’été, laissant ses thuriféraires si désemparés devant le vide des « investissements » possibles qu’ils sont prêts à acheter de la dette socialiste à intérêt négatif. Mieux vaut perdre un peu ici, qui risquer de tout perdre n’importe où ailleurs.

C’est maintenant que l’on réalise l’invraisemblance du discours tenu, sur une situation où il fallait remettre de l’argent dans le moteur, seul carburant et seule production du système.

Guy Debord sera peut-être le Nostradamus des temps d’après, son style incisif, glacial, et ses termes plus larges que des concepts permettront de nimber de mystère ses prédictions, qui revêtiront ainsi de multiples sens à l’avenir. Inspiré du style du 17-18ème, pour que sa langue ne vieillisse pas, elle pourrait ainsi expliquer tout écart entre une illusion collective, et la réalité, quelque soit cette illusion, et quelque soit cette réalité. L’économie financière a aussi été une sorte de « spectacle ». La panne d’orange, quant à elle, dramatisée à outrance, alors qu’elle n’a fait qu’interrompre des conversations vides et inutiles, parait sortir d' »in girum imus nocte et consumimur igni ». Il aurait pu écrire de la science-fiction, quelque chose comme « a perfect world », ce livre visionnaire d’Ira Levin, que je relis en anglais, appréciant ainsi davantage les détails que la langue étrangère, me ralentissant, me force à mieux voir.

Paris, 7ème, le square des missions étrangères

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J’ai remarqué ce square dans lequel je suis rentré, pour vous rapporter ces quelques images, témoins d’un lieu secret de Paris. La statue de Chateaubriand fait face à son ancien appartement de l’autre côté de la rue, au 105 rue du bac, mais le jardin ne date que de 1939.

Le mur a été peint par Patrice Chanton, et rappelle ainsi l’ombre des marronniers.

Michèle Bernstein, compagne de Guy Debord, lui a consacré ce joli texte, sans doute dans le cadre de la démarche psychogéographique.

« À la limite des sixième et septième arrondissements, ce square, cerné à très courte distance par la rue de Babylone et le boulevard Raspail, reste d’un accès difficile et se trouve généralement désert. Sa surface est assez étendue pour celle d’un square parisien. Sa végétation à peu près nulle. Une fois entré, on s’aperçoit qu’il affecte la forme d’une fourche.

La branche la plus courte s’enfonce entre des murs noirs, de plus de dix mètres de haut, et l’envers de grandes maisons. À cet endroit une cour privée en rend la limite difficilement discernable.

L’autre branche est surplombée sur sa gauche par les mêmes murs de pierre et bordée à droite de façades de belle apparence, celles de la rue de Commaille, extrêmement peu fréquentée. À la pointe de cette dernière branche on arrive à la rue du Bac, beaucoup plus active.

Toutefois le square des Missions Étrangères se trouve isolé de cette rue par un curieux terrain vague que des haies très épaisses séparent du square proprement dit. Dans ce square vague, fermé de toutes parts, et dont le seul emploi semble être de créer une distance entre le square et les passants de la rue du Bac, s’élève à deux mètres un buste de Chateaubriand en forme de dieu Terme, dominant un sol de mâchefer. La seule porte du square est à la pointe de la fourche, à l’extrémité de la rue de Commaille.

Le seul monument du lieu contribue encore à fermer la rue et à interdire l’accès du square vague. C’est un kiosque d’une grande dignité qui tend à donner toutes les impressions d’un quai de gare et d’un apparat médiéval. Le square des Missions Étrangères peut servir à recevoir des amis venant de loin, à être pris d’assaut la nuit, et à diverses autres fins psychogéographiques.

Michèle BERNSTEIN, « Le Square des Missions Étrangères », Potlatch. Bulletin d’information du groupe français de l’Internationale lettriste, numéro 16, 26 janvier 1955 (Rédacteur en chef : M. DAHOU, 32 de la Montagne-Geneviève, Paris 5e »

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10 Mai 2012 at 21:59

une citation de Debord

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« Je ne ferai dans ce film aucune concession au public.
Par ailleurs, quelle que soit l’époque, rien d’important ne s’est communiqué en ménageant un public »

Je relis mon article hier, certains anciens élèves vont le trouver dur, qu’ils interviennent à ma charge ou à ma décharge. Est-ce que les gens conservent de bons souvenirs parce que leur mémoire est infidèle ? est-ce utile d’écrire 35 ans après, oui, je le crois, toute analyse est utile.

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12 décembre 2011 at 07:32

Publié dans cinéma, littérature

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quelle chance avons-nous de produire du nouveau ?

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Quelle chance a-t-on de penser quelque chose que personne n’a pensé avant ? Je me suis posé cette question en me rendant compte que le dessinateur Louison reprenait pour Marianne une de mes idées de dessin, celle d’utiliser le triple A comme des trous de ceinture qu’il s’agit de serrer davantage. Il va moins loin dans l’image, puisque pour moi, les A ne sont pas seulement représentés, mais que la boucle est enclenchée en eux. Le gag est différent, puisque Louison représente la France sous la pression, et moi le chantage médiatique, mais cette idée du triple A comme trous d’une ceinture, symbole de l’amaigrissement et de l’austérité, nous l’avons trouvée à peu près en même temps.

Lorsque j’ai réalisé des dessins qui avaient pour thème un domaine connu de quelques personnes, le comique y était si relié à un contexte, que j’avais peu de chance de retomber sur les mêmes jeux de mots ou d’images que les autres?. En m’attaquant à l’actualité, le monde des possibles devient plus restreint, et à force d’être plusieurs à cogiter sur quelques idées, nous effectuons immanquablement les mêmes trouvailles, même si nos personnalités différentes ont abouti à une mise en scène de cette idée qui n’a rien à voir.

Il y a un cheminement des idées, qui passe par la mise en relation de choses sans rapport entre elles, d’où jaillira peut-être une étincelle. Rechercher ce genre de choc induit une démarche d’esprit où l’on pourra paraitre incohérent à force d’apparentements incongrus et incompréhensibles, qui pourront surprendre. Le dessin a la particularité de permettre la représentation la plus rapide, la plus économe de mots et la plus accessible de ce choc.

J’ai retrouvé dans ma bibliothèque le livre d’Alfred Kubin, dans lequel il raconte la genèse de ses dessins. On ne peut travailler le dessin, sinon dessiner inlassablement d’après modèle pour acquérir le sens de la forme, jusqu’à ce qu’elle devienne une acquisition naturelle passée dans la main, jusqu’à ce que l’on ait une vision synthétique des formes. Mais l’idée se travaille-t-elle, d’où vient le choc ? je pense toutefois que la lecture des dessins surprenants de Gottlieb et Reiser dans ma jeunesse m’ai aidé, m’a apporté le courage de faire se cogner les images, puor en faire jaillir l’absurdité et l’artifice de certaines situations.

A la fin des années 70, ces trublions étaient considérés comme des intellectuels, parce que la génération qu’ils avaient nourrie parvenait à maturité, et leur a rendu un hommage. C’était en partie vrai, parce qu’ils allaient au-delà des évidences, et remettaient plus de choses en question que nos intellectuels médiatiques actuels, et surtout en matière de vie quotidienne, ils allaient au fond des choses, comme une sorte de Guy Debord graphique.

Cette question de la novation dans ce que l’on fait, se pose pour les textes tout comme pour les dessins humoristiques, cet idealtype de la créativité. C’est en écrivant nos textes les plus personnels que l’on a le plus de chance d’être novateur et original, plutôt qu’en buzzant ce qui existe déjà. Nos expériences sont notre véritable enseignement reçu, et cette expérience peut être infime, un regard c’est une histoire, il suffit d’avoir observé une situation, d’avoir noté les regards, ce qu’ils signifient, de manière contradictoire, pour déjà raconter l’aventure intérieure de plusieurs personnes. Il y a aussi les clichés, les clichés appartiennent à l’époque, ce sont des impasses de la pensée, des choses toutes faites plaquées là où une réflexion pourrait naître et se développer. Les clichés permettent à la fois de briller en société et de ne pas penser. Briller, ne pas penser, est-ce si contradictoire ? Non, vous remarquerez combien sont souvent conformistes et creux les gens que l’on qualifie de brillant, il faudrait prendre ce mot de brio ou de brillant dans son sens exact, de ce qui émet de la lumière sans avoir d’épaisseur.

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11 décembre 2011 at 08:31

qu’est devenu le Paris populaire

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Dans les années 50, Paris était une cité très populaire avec ses marchandes des quatre-saisons. Dans les années 70, mes collègues les plus âgés expliquent que dès 18 ans ils avaient pris leur indépendance, trouvé un petit travail et un studio en plein coeur de Paris. Il leur restait même suffisamment d’argent pour sortir. Pour un tel niveau de vie, il faudrait disposer de 3 000 € aujourd’hui. Les enfants d’aujourd’hui ne peuvent prendre leur envol, la vie est devenue plus difficile, les transports toujours plus longs. J’ai recueilli de nombreux témoignages de ce genre, et Guy Debord écrivait qu’avant 1970 « C’était à Paris, une ville qui était alors si belle que bien des gens ont préféré y être pauvres, plutôt que riches n’importe où ailleurs. » On pense aussi au Paris de Léo Ferré.

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30 juin 2011 at 19:44

Publié dans Paris

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la disparition des vidéastes amateurs

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Je m’étonne de constater la disparition d’un loisir populaire qu’était la video. Il me semble que l’on voit de moins en moins d’amateurs filmer les évènements familiaux. De même, si l’on trouve beaucoup de revues sur la photo, il semble que celles consacrées à la video aient totalement disparu du marché. Il faut aussi dire qu’une séance de video était plus ennuyeuse que les antiques séances de projection de diapositives quand l’appareil se coinçait. On assistait à la projection monotone de paysages filmés en tremblotant avec un zoom trop puissant, et des balayages comme si la camera avait servi d’éventail. Certains filmaient des heures sans savoir ce qu’était un cadrage ou même une image. Pourtant le principe est simple, il suffit déjà de bouger l’appareil très lentement comme si l’on tenait un verre trop plein dont on ne souhaitait pas renverser l’eau, et aussi de savoir qu’une courte focale est bien plus utile qu’une très longue sauf pour les animaux et les spectacles.
Je n’avais pratiquement jamais touché à la video avant d’avoir un apn, mais je ne savais quoi faire des clips, alors que quelques logiciels gratuits permettent d‘en tirer quelque chose. De même beaucoup de gens sont passés au numérique sans savoir quoi faire des clips multiples qu’ils ne savent pas assembler si aucun logiciel de montage ne leur est fourni avec l’appareil. La video me semble pourtant présenter un grand intérêt de témoignage et de souvenir. Elle donne davantage une idée de la vraie vie que la photo, elle permet de réaliser de petits reportages, dont le touché amateur parait d’autant plus artistique qu’il s’éloigne du côté trop léché des clips publicitaires. Il produit un effet de réel et de concret plus frappant. Je crois que les gens ont fini par renoncer à leur caméra, comme ils ont renoncé au transistor qui hurlait à plein volume sur les plages, parce que la mode a changé, parce qu’ils n’ont pas acquis les bases minimales, n’ont pas su monter leurs films, les conserver les mettre en valeur.
Avec internet, on dispose de moyens de diffusion avec tous les périmètres de filtrage disponibles. On peut les charger sur youtube
et leur donner une diffusion large, on peut restreindre cette diffusion et n’envoyer l’adresse qu’aux intimes. Les familles sont de plus en plus éclatées, le net est le moyen de garder un lien « de faible intensité » en échangeant des images. Quand je repense au cinéma de Guy Debord, ou des documentaires faits avec presque rien, on se dit aussi que l’on tient ainsi un fabuleux moyen d’expression artistique et autre.
on n’est plus obligé non plus de trimbaler un instrument lourd et encombrant, il existe de petites cameras, et les APN permettent de filmer en HD, ils peuvent se glisser dans un sac et leur optique soignée en fait de bons camescopes. On retrouve le rêve d’une camera stylo chère à Godard.

Written by Le blog de Jean Trito

21 Mai 2011 at 21:35

Guy Debord et le droit d’auteur

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Je viens de découvrir que l’un des premiers cas de problème juridique de droit d’auteur avait concerné une œuvre de Guy Debord.

Guy Debord avait écrit ce slogan sur les murs de Paris. Un jour, un photographe décide d’en faire une carte postale agrémentée d’un commentaire stupide, qui se voulait humoristique, et prouvait qu’il n’avait pas compris l’œuvre. Des années après, Debord publia dans son journal cette illustration en enlevant le commentaire. Il fut attaqué par le photographe qui lui réclama des droits d’auteur. Celui-ci lui fit une réponse bien sentie, en rappelant qu’il était le véritable auteur de l’oeuvre , devenue presque son mantra. Il n’y eut plus de réclamations, ni de réponse à ce courrier.

Je conseille aux amateurs de lire ses oeuvres presque complètes en in quarto, ce que je fais à petite dose, découvrant ainsi ses trésors, et sa jeunesse entre contestation et vitelloni.

extrait ici

Written by Le blog de Jean Trito

17 janvier 2011 at 20:32

Un slogan situ qui pourrait devenir réalité

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Written by Le blog de Jean Trito

28 novembre 2010 at 08:29

Publié dans littérature, politique, sociologie

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