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Vers un sit-in à Lyon

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Pour protester contre la pénurie de médicaments en France, certains proposent un sit-in à Lyon, où les sièges des sociétés pharmaceutiques sont regroupés au même endroit

C’est une bonne idée, tous ces pouvoirs réunis en un lieu si restreint, on pourrait venir y réclamer la nationalisation de Merieux, Sanofi et consorts puisqu’ils ont failli dans leur mission, se sont montrés incapables de fournir les médicaments de base et ont mis la vie des gens en danger. De Gaulle l’aurait déjà fait, et c’est une question économique et politique très serieuse : le neoliberalisme est sans doute compétent pour assurer l’approvisionnement en bière mais pas en médicaments de première nécessité, il vient de le prouver brillamment et il faut en tirer toutes les conséquences.

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6 juin 2019 at 05:10

Lyon, Edouard-Herriot, 1978, pavillon P

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Les souvenirs anciens sont les plus vivants. Je revois encore ce vieux monsieur, qui avait participé à la guerre de 1940, et avait été garde-champêtre dans l’Ain. Il nous abreuvait de ses histoires de guerre et de chasse, ainsi que de sa philosophie personnelle, et la manière dont il voyait les problèmes de la France. « tu repenseras à ce que je disais, bien plus tard ». Il avait raison, mais je dois être un peu hypermnésique. Tout le monde se pose la même question aujourd’hui, d’un pays qui ne produit plus ce qu’il consomme.

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18 février 2012 at 12:44

Lyon, 1964, les premières xénogreffes à partir de chimpanzés, une histoire oubliée

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J’ai aimé le film « la planète des singes les origines » que je trouve plus puissant et plus original que la reprise de Tim Burton. En même temps que je voyais ce film et ces singes humanisés, avec l’âge mon esprit est plein de résonances du passé, et j’ai soudain revu les images des années 60 sur les premiers essais de xénogreffe à Lyon en 1964. Ces images avaient marqué les esprits, et comme je fus précisément hospitalisé dans le service filmé dans cette video à cette époque, il est possible que cette histoire, dont on parlait à l’époque ait frappé mon esprit d’enfant.

En ce temps là, une greffe avait tenu 9 mois chez une institutrice de 23 ans de la nouvelle-Orléans, et l’on entretenait d’immenses espoirs qui ne furent jamais confirmés. Ces images en noir et blanc, quoique assez austères, souvenir de cette tentative oubliée, on peut malgré tout ressentir une certaine émotion à les découvrir, et l’on doit tenir compte du contexte de l’époque rappelé dans les explications du professeur Jules Traeger, la sensiblerie ne doit pas l’emporter sur la sensibilité, c’était il y a 50 ans. Aujourd’hui, les singes nous semblent des presque humains que l’on ne pourrait traiter ainsi.

Cet hôpital a été désaffecté au milieu des années 70, c’est aujourd’hui un hôtel de luxe, mais je crois que j’y verrais des fantômes comme dans le shining. Ce sont des images rares, aux Etats-Unis on a peu parlé de ces tentatives, parce qu’elles passaient mal dans l’opinion. Je ne sais pas si vous trouverez un intérêt à regarder ces vieilles images, mais elles me semblent faire partie de ma mémoire orale, des histoires que j’ai entendues.

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20 août 2011 at 19:41

La mafia stéphanoise dirige-t-elle Lyon ?

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C’est ce que laisse entendre ce titre de la tribune de Lyon, dans lequel chronique notre ami Romain Blachier, du blog « lyonnitudes ». Si quelqu’un a lu l’article, dont on sent que le titre provocateur a pour volonté de faire frémir dans les beaux-quartiers de Lyon. La ligne Saint-Etienne/Lyon est la plus chargée de France, les deux villes pourraient fusionner, tant elles sont en train d’échanger leurs populations, les lyonnais fuyant la hausse de l’immobilier en s’installant à Saint-Etienne, comme les anciens parisiens sont partis en banlieue, et les stéphanois fuient le chômage en partant travailler à Lyon, tous les matins, comme de nouveaux banlieusards de province.

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1 Mai 2011 at 19:11

La mort solitaire du docteur N

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Jean Reverzy, médecin lyonnais, a écrit « le passage » qui décrit la mort du patient, et « place des angoisses », sur la mort du médecin. Je ne sais pourquoi la médecine est si importante à Lyon, et structure la ville à ce point, sa politique, sa littérature.

Je repense maintenant au docteur N, médecin à Saint-Etienne, et qui m’a suivi longtemps avant que je gagne d’autres cieux. Il est mort voici quelques années, dans la solitude de l’Alzheimer qui lui a pris sa mémoire. Il m’impressionnait enfant, parce qu’assez autoritaire, mais ce fut lui qui décela le mal qui me rongeait. A l’époque, peu d’espoir, Jules Traeger à Lyon débutait seulement la transplantation et la dialyse, et il comptait les patients qu’il enterrait d’un mal sans rémission. Il utilisait les techniques modernes au début de ces années 60, et c’est ce qui lui a permis d’opérer un diagnostic juste. Je ne pense pas qu’il a pu imaginer que ce serait moi qui l’enterrerait un jour, que je durerais aussi longtemps.

Lorsque le temps a passé, ce sont les fantômes du passé qui nous hantent. Je repense à cette période angoissante comme une image de vieil hôpital, aux résultats qui se détérioraient en pente douce, et je ne comprends même pas que je sois là encore, après toutes ces décennies inespérées.

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1 Mai 2011 at 09:47

Saint-etienne, ville pauvre et déshéritée de province ?

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Je devrais réaliser un florilège des lieux-communs et des idées toutes faites que l’on entend sur certains lieux. Prenons Saint-Étienne, une ville du massif central près de Lyon. A Lyon, elle est vue comme une ville pauvre et inculte, avec un accent populaire, qui, toutefois, pour ceux qui ont quitté la ville, est proche de l’accent lyonnais. En région parisienne, personne ne parvient à la situer sur une carte de France, les bretons la placent dans le midi, les parisiens près de Marseille. Sur le plan de la culture, on me plaint d’avoir d’avoir dans un lieu si coupé du monde et de toute civilisation, comme si je venais du tiers-monde »,  cela explique bien des choses, sans que l’on ait toutefois l’impression que les gens de la capitale en sachent plus, ni que leur écart de culture paraisse déterminant. Il y a peut-être plus d’accès aux spectacles, mais le spectacle n’est pas toute la culture, on peut réfléchir partout dès lors que l’on y dispose d’une bibliothèque, et que les écoles y enseignent la même chose. Dans mon enfance, on parlait d’une ville noire, huileuse. Pourtant on dévorait le catalogue de Manufrance jusqu’en Afrique et les « verts » sont restés la seule équipe authentiquement populaire, une légende au niveau de Marcel Cerdan. Il existe un provincialisme parisien, dont les parisiens, qui pour la plupart habitent la banlieue, n’ont pas conscience.

Pour en juger, voici quelques images du centre-ville.

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11 mars 2011 at 10:00

L’hôpital de l’Antiquaille à Lyon

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Lyon va transformer son vieil hôpital en hôtel de luxe. Pour moi, c’est un lieu plein de fantômes. Je me souviens des longues salles communes, et des gens que j’y ai croisés au début des années 60. Jules Traeger y avait débuté les traitements de dialyse, et les premières transplantations rénales et même des xénogreffes à partir de chimpanzés, inspirées par Keith Reemstma. Je me souviens d’un feu d’artifice aperçu par la fenêtre sur la colline de Fourvière, et les attentes des visites. Dans mon cerveau d’enfant, les choses étaient confuses, et pourtant j’en ai gardé toutes ces images, celle de la jeune fille au bras bandé qui attendait une greffe et qui survécut, je le sus bien après, parce que tous ces malades à force de se croiser, étaient capables des décennies après de vous donner des nouvelles de tout le monde. Il faudra qu’un jour, à l’automne de mon existence, je vienne dormir dans ce lieu, aujourd’hui plein de calme et de luxe, après l’avoir connu vieil hôpital dans mes débuts, ce serait ainsi une sorte de point de conclusion original, une mise en abyme apportée à ma vie.

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25 février 2011 at 12:03

Il s’appelait Domenico Papagni

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Il s’appelait Domenico Papagni , et je pense encore à lui trente ans après. C’était un italien originaire de Milan, et il avait subi une greffe rein-pancréas à Edouard-Herriot à Lyon. Il détenait le record du monde de durée d’ailleurs, de deux ans et la télévision a même parlé de lui. La maladie avait abimé ses dents et ses jambes, ainsi que sa vue. Il marchait donc difficilement, aux côtés de sa femme, vraie poupée Barbie, dans les couloirs de l’hôpital. Le diabète lui avait pourri la vie, et nous parlions du passé heureux comme s’il était loin, alors qu’il avait 38 ans, et moi 20. Je me souviens que l’on a dû le regreffer, alors que la première greffe était déjà un exploit médical. Nous l’avons accompagné loin dans la nuit, en écoutant Renato Zero chanter Amico, le coeur serré, en pensant qu’il ne reviendrait peut-être plus après l’aube. C’était une veillée tragique pour moi. A l’époque, la greffe du pancréas destinée à régler le problème des grands diabétiques était pratiquement une méthode désespérée, et d’ailleurs financée sur le budget de la recherche et non celui de la sécurité sociale. Nous fumes très heureux qu’ils franchissent cette étape, et qu’il ait pu profiter du temps qui lui restait. Je ne sais si quelqu’un se souvient encore de lui maintenant, car trois décennies c’est un abîme important, même les soignants sont aujourd’hui proches de la retraite, et je ne suis pas certain qu’il reste beaucoup de ses compagnons d’hôpital. Il a été très courageux, tout le long, confiant dans la vie, admirateur de Platini, et ce fut une joie pour lui de savoir que ce joueur allait évoluer en Italie.

 

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15 janvier 2011 at 19:14

Quelle est la légitimité de l’INA à vendre ses videos ?

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J’ai acquis des videos, je les trouve chères et incommodes d’utilisation pour un particulier. On ne peut les transporter ailleurs, tout est verrouillé. Pourtant, ces videos ont été élaborées sur budget public, et maintenant elles font l’objet d’un service marchand. Ce qui a été produit sur des fonds publics est maintenant vendu  à des particuliers, et sans possibilité d’utiliser ces archives comme un bien commun public.

Cette politique est en contradiction avec la manière dont elles ont été filmées : je suis stupéfait de constater que l’on a pu tourner un reportage à Lyon sans citer les médecins interviewés à l’époque (1965). On n’avait pas un égo aussi développé en ce temps, on pouvait être un mandarin, et parler anonymement dans le poste. Imagine-t-on aujourd’hui le profit symbolique que l’on tirerait d’un tel reportage. Tous les intervenants ont donc été bénévoles, leur nom pas même cité, et aujourd’hui, tout cela a été commercialisé. Il me semble que la diffusion sur youtube d’archives de l’ina relevait d’un vrai service public, puisque tous les auteurs et acteurs de la production ne bénéficieront pas de cette vente. On a recommencé par une quasi-censure prétextant les droits d’auteur (d’hauteur ?) concernant les faux voeux de Sarko.

Comme pour la recherche médicale, on utilise des fonds publics pour produire une chose, et au bout d’un certain temps elle tombe dans le domaine privé.

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2 janvier 2011 at 11:24

une histoire bien oubliée, même d’internet

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Je découvre cette étonnante information, en 1963, le docteur Keith Reemtsma de la Nouvelle-Orléans pratiqua une série de 12 greffes de rein provenant de chimpanzés. A l’époque, il n’était pas possible de procéder au prélèvement d’organes sur des comas dépassés, et ces patients bénéficiaires n’avaient pas de famille pour leur donner un rein, et la dialyse n’offrait pas assez de places disponibles. Et bien ces greffes réussirent aussi bien que les allogreffes de l’époque, et malgré l’absence d’immunosuppresseurs à cette époque, certaines de ces greffes tinrent plusieurs semaines, et l’une d’elles 9 mois. Il s’agissait d’une jeune institutrice de 23 ans, qui reprit son travail. Pendant ces 9 mois, elle vécut normalement, puis mourut d’un déséquilibre ionique, car le rein de chimpanzé n’avait pas la même physionomie que celui de l’humain, et les déséquilibres de fonctions imparfaitement remplies se sont accumulés au cours du temps. En France, le docteur Jules Traeger tenta cette xénogreffe à trois reprises, avec des survies des quelques semaines. Je m’étonne rétrospectivement, qu’avec les connaissances de l’époque, on ait pu réussir relativement ces opérations, malgré la barrière des espèces.
On peut trouver des documentaires sur le site de l’INA, je ne me suis rendu compte qu’en les regardant quelle charge émotive ils portaient.

http://www.ina.fr/sciences-et-technique … ie.fr.html

http://www.vodeo.tv/19-35-2181-xeno-greffe-recherche-en-cours.html

Ce vieux film en noir et blanc de Pierre Desgraupes me semble un film de science fiction, on y voit une greffe lyonnaise réalisée à partir des organes d’un chimpanzé, une image qui ne pourrait plus être montrée aujourd’hui. L’ina facture ce film 4€, alors que les réalisateurs ne sont peut-être plus vivants, et que les médecins étaient anonymes et non rémunérés. Il me semble que cela devrait faire partie du service public, que de donner un accès à de telles images.

L’on vante plutôt en ce moment la greffe à partir de donneurs vivants, qui me parait poser des problèmes éthiques plus importants que la xénogreffe. Ce qui arrête la mise en œuvre de cette technique, c’est le risque viral, mais que l’on ne sait estimer, dont on ne sait s’il existe, avec toutes ces alertes à la pandémie, tous les ans, comme Pierre criait au loup. En raison de l’augmentation des coûts de la dialyse, on devra bientôt se poser cette question là, car les budgets sociaux vont être réduits, dans ce cas, la xénogreffe s’imposera d’elle-même.

Parmi toutes ces histoires, il en est une qui me frappe, c’est celle de cette fille qui reçut une greffe  d’un rein de chimpanzé (en fait on greffait les deux reins pour augmenter la masse des néphrons, et avoir assez de puissance pour filtrer un corps humain). Je sens que peu avant sa mort Keith Reemtsma parlait encore de cette patiente avec une émotion retenue, et voulait expliquer le contexte de l’époque. Cette patiente sans nom, soit que l’histoire l’ait oubliée, soit que la famille ait demandé la discrétion, dort pour toujours dans l’oubli. Et pourtant, elle a vécu une aventure humaine unique, je me demande si les américains en ont fait un film, ou si un journaliste a recueilli son histoire. Je pense qu’elle mériterait d’être racontée, comme celle de Christopher Johnson McCandless dans Into the wild, par quelqu’un de talentueux et sensible, qui maitriserait suffisamment l’anglais pour rechercher ses traces, comment elle a vécu ces derniers mois, sans doute dans une petite ville des Etats-Unis, ce qu’elle espérait, ce qu’elle pensait. Peut-être Emmanuel Carrère pourrait-il s’y atteler, ou Russel Banks, Douglas Kennedy ou Noëlle Chatelet. Cette histoire, dont je ne sais rien, je n’ai pas même son nom, cette histoire m’inspire. Il faudrait qu’elle intéresse quelqu’un de talent, qui connaisse les Etats-Unis.

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