Archive for septembre 2010
La communication sans l’expression
Le travail que nous effectuons sur notre expression va dans le sens constant d’un lissage, d’une abstention progressive de tout ce qui pourrait faire saillie. Nous sommes passés de l’expression à la communication, cette manière de dire sans penser le contenu, en évitant tous les mots de division, et en mettant constamment en valeur, en présentant toute chose de manière positive, comme si tout était positif. Un licenciement devient un nouveau challenge, une mobilité obligatoire n’est pas un déracinement, mais une chance d’augmenter son potentiel. Power-point est le logiciel de notre temps, celui de la communication. J’ai toujours été frappé par cet instrument qui permet d’asséner des phrases creuses, et surtout permet qu’elles ne deviennent pas trop ennuyeuses grâce au côté ludique de la projection. C’est une sorte de prompteur pour l’assistance, qui au lieu de guider leur voix dirige leur attention. Certains textes, certains fascicules issus des officines des communication sont si lisses que c’est comme s’ils n’avaient pas au sens propre de contenu ; toute vie s’est échappée du sujet. Plutôt que de compulser ce type de publications, on en vient à préférer pouvoir évoquer les sujets traités durant les deux minutes d’un café pris à la machine. Certains documents chiffrés se parsèment de littérature, qu’une fois validée par les différentes chaines de commandement, on recopiera d’année en année. Là où les chiffres définissaient et fixaient les choses, on comble les interstices avec du bavardage qui soit répète ce que les chiffres disaient de manière plus concise, soit distraient la pensée de ce qu’ils révèlent véritablement.
De manier cette prose sur-relue, on en vient parfois à se sentir amputé de la capacité d’expression qui permet d’exprimer les choses, les sentiments, les réflexions, qui vise à rendre les autres plus intelligents, à partager la nôtre. On en vient à sentir son vocabulaire appauvri, « lissé », et comme la novlanque d’Orwell, se demander si le lissage infini des mots n’a pas fini par lisser également toute capacité de pensée.
Argenteuil, la foire des cinglés du cinéma
Argenteuil organise chaque année une foire aux objets de cinéma, livres, films, affiches et devient une sorte de « Lourdes » du cinéma. Une plaisante promenade pour les passionnés.
Michel Houellebecq a-t-il utilisé Wikipedia pour écrire la carte et le territoire ?
pour moi qui ai contribué à wikipedia, je ne suis pas choqué de voir parfois ce que j’ai pu écrire repris par d’autres : de toute façon, il n’y a aucun droit d’auteur à la clé, et c’est un travail collectif et désintéressé, la participation à la production d’un bien public. Les écrivains se documentent, certains consultent des spécialistes, d’autres font comme moi et utilisent le net. En tant qu’informaticien, il est logique qu’il passe sa vie sur le net dans sa lointaine Irlande. On voit bien que le passage est encyclopédique, certains écrivains citent la présentation du syndicat d’initiative pour ironiser sur un lieu. Dans ce cas, utiliser le ton un peu affecté et encyclopédique de wikipedia crée un effet par rapport à ce que l’on veut écrire, donc un effet forcément littéraire.
De la difficulté d’écrire un livre, même avec les facilités modernes
Je me suis mis au blog sérieusement à l’automne 2009, mais je regimbe un peu devant l’obstacle d’écrire un vrai livre, le courage, le temps, me manquent.
Et puis je me dis, au moins quelqu’un peut lire mes articles sur blog, avoir un dialogue. L’écriture risque pour moi d’être un long exercice solitaire, dans un emploi du temps peu généreux, pour finalement ne pas avoir un seul lecteur, même si les moyens d’édition permettent de produire le livre. J’ai remarqué que l’on pouvait diffuser des dessins et avoir un impact, mais qu’un texte, quel qu’il soit, du fait de l’effort important qu’il demande, quel que soit son niveau de qualité, a peu de chances d’être lu. Et puis si vous écrivez, vous provoquez beaucoup de ricanements. D’où l’intérêt d’un blog anonyme. L’écriture nécessite une distance au lecteur, si les gens qui me connaissent pouvaient lire mes textes sur blog, ils me railleraient, me traiteraient d’idéaliste, me diraient qu’il est facile d’être critique, et il vaut mieux rester anonyme et cultiver son jardin sous serre à l’abri des regards. Un jour je m’y mettrai, c’est inéluctable, mais le travail n’est jamais récompensé.
L’avantage de la note courte, c’est qu’elle demande moins de temps à lui consacrer, et que l’anonymat et la distance, permettent un vrai dialogue sans préjugés.
La gauche souhaite-t-elle vraiment gagner les futures élections ?
Est-ce que la gauche souhaite vraiment remporter 2012 ? c’est une vraie question. Elle semble bien pâle, bien absente, sans contre-propositions. Est-ce qu’elle ne pense pas au fond que vu les demandes accumulées par son électorat, dont elle ne pourra rien satisfaire, elle risque d’aller vers un échec rapide, ou dans le meilleur des cas d’instituer un régime similaire. Les verrouillages ont été mis en place, à plusieurs niveaux, dont le moindre n’est pas l’Europe. On sent plus de réticences que d’enthousiasme. L’hypothèse Strauss-Kahn est poussée par certains médias, qui y voient un moyen de continuer le sarkozysme sans Sarkozy. On ressent une angoisse dans certains milieux, lorsque Ségolène Royal prend la parole et déchaine ces enthousiasmes que l’on redoute. Dans cette atonie, elle est la seule à apporter un peu de passion, de « gniaque », elle provoque l’affolement dans son propre camp. Etrange situation ! Une partie des votes va se réfugier à l’extrême gauche, dont son leader Besancenot est étrangement discret, à contre-temps. Il est difficile de connaître présente derrière ces candidats, mais on peut imaginer que ce ne sont pas les forces économiques les plus puissantes qui sont derrière elle, mais seulement les électeurs et surtout les militants du PS. Comment réussir les primaires en y imposant un candidat qui aura le soutien des forces économiques ? Que veut dire « la transparence des primaires » selon Aubry, est-ce à dire que le choix de Ségolène Royal n’a pas été jugé assez « transparent ». Quel sens faut-il donner à « transparent », le choix d’un candidat incolore ?
La grande peur des femmes devant la réforme de la retraite
Souvent, dans une société, tout le monde ressent les mêmes angoisses à la fois, et se pose les mêmes questions. Là , concernant la réforme de la retraite, ce sont les femmes qui prennent conscience de leur situation. J’ai déjà expliqué ici combien la réduction du temps de travail était une intelligente compréhension de la modernité, à l’heure où le couple, avec les transports, travaille deux fois plus par semaine que dans les années 60. Les femmes viennent soudain de réaliser que la réforme des retraites traduit une sorte d’incompréhension de l’évolution du monde. Si elle aurait pu être envisagée dans le monde d’avant, où d’ailleurs l’âge de départ était de 65 ans, et où seul l’homme travaillait, on peut se poser la question d’une retraite fondée sur le seul temps de travail, alors que les femmes vont réaliser une carrière incomplète, et que la moindre durée des couples fera qu’elles auront une retraite dont l’assiette portera sur leurs seules années de cotisations, sans tenir compte du travail accumulé par le couple, ni des années prises pour l’élevage des enfants. C’est une réforme qui aurait pu être faite sous Vichy finalement, dans un autre temps et d’autres mœurs. On a envie de dire « n’oubliez-pas que le monde est devenu moderne ». C’est une réforme aveugle sur la société telle qu’elle est, comme si l’on n’avait pas évolué depuis un demi-siècle. Cette prise de conscience a quelque chose d’un feu qui a pris brusquement et se répand à grande vitesse. Les femmes ont pris conscience de cette bombe à retardement, de ce retour à l’an 40. J’aime tellement trouver des formules qui frappent, que j’ai failli utiliser un titre qui cogne pour cet article comme « la revanche du pétainisme ».
l’expo Carine Brancowitz
Etonnant ce que l’on peut faire avec un simple stylo bic : voici une expo consacrée aux dessins de cette illustratrice fashion.
Traité secret sur l’immatériel : des brevets aux droits d’auteur, par Florent Latrive (Le Monde diplomatique)
Enfant, je voyais encore des produits « made in france », aujourd’hui l’occident ne produit plus rien de concret, sauf de l’immatériel, dont il faut assurer la protection par tous les moyens.
Les vacances au bord de la mer
On a tous le souvenir de vacances économes et modestes, cette chanson a quelque chose de « mon vieux »
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