Archive for the ‘enfance’ Category
Scolaire
Très rapidement, il y eut divorce entre ma curiosité intellectuelle et le scolaire. J’étais avide de certaines connaissances et je me retrouvais avec des exercices fastidieux, plus opératoires qu’intellectuels, et qui ne me semblaient pas offrir d’ouverture. Si l’argument de l’école était qu’il fallait ouvrir l’esprit à la critique, ma critique est rapidement devenue incompatible avec les normes scolaires, parce que la possibilité de critique est plus vaste que ce qu’imagine celui qui en ouvre les vannes.
J’étais mal fait pour ce testage des capacités fondé sur un surcroit de travail, destiné à préparer les gans au travail en entreprise. J’attendais seulement un éclairage plutôt qu’un faisceau d’exercices, ni pratiques ni théoriques, parce qu’ils n’étaient pas reliés à une réalité tangible, ni ne permettaient pourtant de comprendre le monde. Les études m’ont parfois semblé une chose un peu vaine, fastidieuse, et la lecture a fini par s’y substituer, comme un accès direct à un savoir immense et beaucoup plus direct, même si ce fut avec le désavantage social de ne pas y accumuler de diplômes. Mais ce que j’avais déjà acquis me permit de pouvoir gagner ma vie, et j’ai pris sur mes nuits et mon temps interstitiel la peine d’approfondir le reste.
Maurice Genevoix
Macron veut faire rentrer Maurice Genevoix au Panthéon, un écrivain si oublié aujourd’hui. Va-t-on à nouveau étudier ses livres à l’école, comme « la boîte à pêche », dont je sens bien combien il serait illisible aux jeunes d’aujourd’hui, si loin de cette ruralitude et de ces moeurs d’autrefois.
Assignation
Prétendre qu’enseigner leur langue d’origine aux enfants d’emigrés est une chance, en leur permettant de garder le lien avec le pays de leurs parents, a quelque chose dune forfaiture, cest une manière de leur proposer une intégration minorée, de leur signifier quelque part qu’ils ont vocation à y retourner, cest les laisser davantage sous l’influence de gouvernements étrangers, et cest peut-être plus le fruit dune condescendance que d’une générosité.
La disparition de l’autre
Lorsque j’étais enfant, il n’existait pas d’ordinateur pour nous distraire, ni de chaines de télévision plurielles, ni de jeux électroniques. Pour les enfants, le loisir était essentiellement ennui, sauf à le distraire par la présence d’autres enfants avec qui jouer. Aujourd’hui, un enfant peut jouer seul indéfiniment, dans les univers virtuels de ses écrans.