Archive for the ‘sciences’ Category
Science humaine
Qu’est ce que l’économie dans le fond ? De solides préjugés sociaux ensevelis sous des montagnes mathématiques C’est une science humaine qui s’est crue physique sociale.
Groupe de parole
Certains groupes de parole, de cafés improvisés pour échanger sur des situations dramatiques, sont plus émouvants, plus déchirants que les films et les romans. Ce sont les femmes qui parlent le plus, avec des sanglots dans la voix, comme si les hommes ne s’extériorisaient pas.
Les vies sont dramatiques, à faire pleurer des pierres, et pourtant, malgré les combats, parfois gagnés et si vite annulés, elles repartent, espérant contre toute espérance. Elles ont des projets d’enfant, dans des conditions parfois difficiles, impossibles, mais elles s’y accrochent, parlent de leurs enfants, de leurs conjoints, de cette lutte pour les maintenir en vie, de leur désespoir.
C’est une des émotions les plus fortes que l’on puisse ressentir, que d’assister à de tels groupes, parce qu’ils disent les choses les plus importantes que l’on puisse entendre dans une vie, si loin des clichés, des banalités du quotidien, des préjugés que les gens expriment sur leurs problèmes. Et en même temps, tout cela est pragmatique, mettant en avant le bon sens de certaines solutions que l’on critiquerait facilement dans les medias, sans en saisir les problématiques réelles.
Je suis frappé de la différence d’intensité et de niveau de ce débat, en comparaison de certains propos religieux, totalement médiévaux et bornés, que j’entends parfois dans ma ville d’origine, lors de débats publics organisés. Ces derniers sont le produit de purs idéologues préchant un projet sociétal hyper-réactionnaire, ceux-ci sont plein d’intelligence sur une situation dramatique.
croire ou savoir ?
on me pose la question, est-ce que l’on peut ne pas croire aux fossiles, à l’évolution, à l’histoire du monde, telle que la science nous l’a révélée, sera-ce un jour vu comme une sorte de religion comme une autre, dont on se sera détaché ?
La réponse est plus difficile qu’il n’y parait, car si la religion est un récit mythique, la science est une lente construction, de soumission d’hypothèses parfois aussi imaginatives que la religion, aux données réelles, en éliminant progressivement ce qui ne pouvait y résister. La science est d’abord imagination, mais soumise aux faits. L’ordre de conception de ceux histoires, la religion et la science, n’est pas dans le même registre.
La religion s’est à la fois retirée du monde matériel, parce qu’elle n’était plus utile pour l’expliquer, reléguée en deçà des causes premières, et au-delà des fins ultimes, dans un espace qui demeure infini, mais qui s’éloigne de nous.
Lucy, transcendance
Deux films où la métaphysique, c’est de se fondre dans le monde, disparaitre dans les circuits électriques et informatiques, devenir éternel dans une ubiquité qui serait celle d’un téléphone portable, devenir un Dieu-smartphone en quelque sorte.
Richard Dawkins, digne successeur de Stephen Jay Gould
Richard Dawkins est le digne successeur de Stephen Jay Gould, la même passion l’habite pour expliquer l’évolution, et la même admiration pour Charles Darwin. C’est vraiment un grand livre pour les passionnés d’histoire naturelle et de biologie. Comme Gould, il nous montre les bricolages entrainés par une évolution progressive qui n’est pas revenue à la table de travail de l’ingénieur pour tout revoir, et donc sans dessein intelligent, comme ce nerf du cou de la girafe qui décrit un trajet tarabiscoté au fur et à mesure de l’allongement du cou. On apprend des tas d’histoires, comme celle de ce russe exilé par Lyssenko, et qui en sélectionnant les renards avec la plus faible distance de fuite, est parvenu en quelques décennies à produire un renard complétement apprivoisé, et qui avait aussi changé d’aspect physique. Aussi sensible que Gould à l’embryologie, il nous montre que l’on peut reconstituer tous les cranes d’anthropoïdes, en en déformant les proportions, et que l’évolution joue d’abord sur le développement embryonnaire. La seule différence réside dans le rapport avec le religieux, Gould considérait qu’il ne savait pas, lui s’attache davantage à détruire l’hypothèse de Dieu, mais beaucoup moins dans ce livre, comme un assagi.
un zeppelin mesure la radioactivité au-dessus de Paris
Paris mesure sa radioactivité en raison de l’explosion des centrales nucléaires japonaises, suite au tsunami. Une cartographie de la radioactivité sur la capitale est dressée, afin d’en mesurer l’évolution.
Jared Diamond et l’effondrement des sociétés
on peut sous-titrer la conférence dans la langue souhaitée. Une conclusion forte : l’effondrement d’une société suit de peu son pic de richesse, une des causes en est le conflit d’intérêt entre des élites qui raisonnent à court terme, et savent se protéger des conséquences de leurs décisions. Le « monde diplomatique » a ouvert un débat sur ce livre.
Notre vie vue par le darwinisme
Un petit livre idéal pour le métro et les voyages pendulaires quotidiens, qui vous distraira. J’y ai appris que les esquimaux n’avaient pas de myopes, parce qu’ils ne mangeaient pas de sucre, lequel joue défavorablement sur la croissance de l’œil. L’approche génétique nous permet de comprendre combien profonde est l’empreinte de notre nourriture sur notre physique, et combien il est difficile d’en changer. Il y a eu une coévolution des européens du nord avec l’élevage laitier, mais cette adaptation, cette capacité à supporter le lactose du lait est en train de se perdre, et l’on voit de plus en plus d’européens allergiques au lait. Comment le jaune de l’œuf est-il protégé des bactéries, que l’on retrouve sur la coquille ? par le blanc, lequel est très pauvre en fer, ce qui empêche les bactéries de s’y développer, et constitue une barrière. Ainsi, de la même façon, une femme enceinte immunodéprimée légèrement pour ne pas rejeter le fœtus voit son taux de fer dans le sang baisser, ce qui ainsi la protège. Lui donner du fer peut être dangereux. On a ainsi trouvé des peuplades d’Afrique au sang pauvre en fer, comme une protection contre les parasites. Le lait maternel contient du fer très protégé de l’extérieur parce qu’enrobé, mais assimilable par l’enfant. Un bébé ne connaît ainsi pas de carence en fer. La vache doit nourrir un veau qui a besoin de se faire des muscles, le bébé humain a besoin d’un lait très gras, parce que c’est son cerveau qui doit se développer. Ce sont ainsi de nombreuses annotations, aussi simples que surprenantes dont ce livre est émaillé.
Le présent de la science -fiction
L’art de la science-fiction, c’est imaginer les changements psychologiques et sociaux induits par la technique. On voit ainsi surgir du passé des auteurs qui avaient anticipé un autre monde, qui de futuriste à leur époque, devient de plus en plus notre présent. C’est ce cadre d’une société de surveillance, vue par Orwell, qui devient notre quotidien. Cette surveillance ne se réduit pas à traquer la délinquance, mais beaucoup plus l’homme ordinaire qui commettrait une faute contre la pensée conforme. De même, Silverberg envisage la solitude incommensurable de l’homme dans le labyrinthe, qui est désormais possible dans notre monde qui se déshumanise. Ces dystopies sont devenues réelles.
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