Archive for juin 2013
Argenteuil en travaux
La ville n’est plus que trous et bosses, des chantiers partout. L’idée me semble bonne, d’élargir les trottoirs pour faciliter la vie en terrasse des cafés, et la promenade urbaine à pied, plutôt que l’envahissement par les voitures. Le quartier moyenâgeux est restauré et aménagé, comme le montrent ces travaux autour de la chapelle Saint-Jean (du XIème siècle). La rue est rétrécie pour mettre en valeur ce bâtiment qui a longtemps servi d’entrepôt.
La stèle portant la statue d’Antoine Rohal a été rafraichie, et le groupe de statues d’hommage à la résistance mis ainsi en valeur.
François Hollande à capital
Qu’est donc allé faire François Hollande dans cette galère ? Il s’est trouvé comme un élève répondant à l’interrogation d’un prof sévère, bien mal à l’aise. Les reportages étaient édifiants et grotesques. L’un montrait que la source des problèmes de logement résidait dans le trop grand nombre de normes qui empêchaient la libre édification. On nous montrait le cas de ce promoteur qui avait dû acquérir un terrain humide pour y déménager les crapauds qui auraient souffert du bétonnage. Les crapauds, un truc d’écologiste, une allusion à Duflot, bourreau de l’immobilier, et sans évocation directe du crapaud. On a nous a montré des agents publics tire-au-flanc, trop souvent malades, et le reportage consistait dans un licenciement pour de trop nombreux arrêts-maladie. Le journaliste a essayé d’allumer Hollande sur le jour de carence dans la fonction publique, mais sans jamais évoquer la fraude fiscale, ni Tapie.
L’entrepreneur était un vrai entrepreneur, personne dans l’émission n’a osé montrer les traders, les banquiers, Tapie, ou on ne sait quel grand PDG. Il fallait essayer de toucher le public avec les tribulations d’un fabricant de machines-outils, qui essayait de vendre ses machines aux russes, mais dépassé par l’organisation allemande et sa force de vente.
Quel conseiller en communication a pu lui conseiller de se rendre dans cette émission, se mettre de lui-même sous la pression des défenseurs d’un système néo-libéral ?
Les incidents d’Argenteuil
Spontanément, j’ai cru la version du parisien disant que la foule aurait agressé la police pour l’empêcher de faire son travail de verbalisation du port du niqab. Mais l’intervention d’un élu du Modem, et de mediapart, qui apportent des versions très différentes a semé le doute dans mon esprit.
Comme dans une histoire d’Hitchcock, on croit connaître le coupable, parce que l’on a suivi la pente de ce que les medias nous ont enfoncé dans le crâne, et en recueillant des éléments, on s’aperçoit que la version des faits pourrait être très différente. On trouve là les limites de cette loi, qui interdit le port du niqab (voile intégral), puisqu’il est porté par des femmes de leur plein gré, et que notre culture ne peut l’assimiler, même si le souvenir pas si lointain des sœurs cloîtrées pourrait nous y aider. Il va être difficile d’aller contre ces conceptions religieuses, et de convaincre ces femmes d’enlever le voile. Il n’y a rien de plus chevillé au corps que les convictions métaphysiques.
Je me demande si le passage Manuel Valls à Argenteuil n’y est pas pour quelque chose, s’il n’a pas demandé quelques actions musclées et un peu provocantes de ce type. La loi sur le voile tombait en désuétude, et l’on voyait ressortir les tenues complètes.
Si l’article de mediapart est authentique et honnête, on voit à quel point la dangereuse islamiste est une pauvre fille, que l’on prendrait en pitié, et que les passants ont semble-t-il prise en pitié, au point de la défendre contre la police. On voit dans les rues des dealers contre lesquels on ne mène pas d’action aussi énergique. Fallait-il s’attaquer à cette fille ? si le contrôle a été aussi agressif, on peut s’interroger sur le bien-fondé de tout cela. On pouvait penser que les islamistes étaient aussi organisés que dans les cauchemars de Bernard Henry Levy, mais là on se rend compte que ce sont peut-être bien simplement de pauvres gens, sans plus, dont la dangerosité a été montée en neige.
du rapprochement des régimes de retraite
curieusement, ce sont les libéraux qui ont joué le rôle de la pravda, et la cgt qui a fourni des argumentations précises sur le sujet. Il faut dire que la campagne de désinformation a été si ridicule, comparant des carottes et des chaussettes que la ficelle a été trop grosse pour passer cette fois.
Ainsi, on découvre que dans les chiffres de comparaison présentés, on partirait à la retraite à 61 ans chez les fonctionnaires, et à 62 ans dans le privé, mais à condition d’y arriver, car il y est bien plus difficile de terminer sa carrière, et bien des cadres deviennent indésirables après 50 ans. De même, on compare la pension moyenne entre les régimes, sans préciser que l’administration est plutôt une entreprise de cadres, et qu’il, faudrait pour cela rapprocher ses chiffres de ceux d’entreprises comparables en niveau du secteur tertiaire.
De même, et c’est les échos qui le soulignent, le rapprochement public-privé pourrait être favorable aux fonctionnaires, s’il aboutissait à traiter les deux populations de la même manière; En effet, à coté d’une grille à la suédoise, l’administration a ajouté un système dit indemnitaire, moins régulé, et qui a permis d’élever le salaire de ses cadres et ingénieurs. Par contre, il n’est pas intégré dans le calcul de la pension de retraite, ce qui aboutit à des retraites qui représentent 50 % du salaire, sauf pour les enseignants, dont les syndicats dans une préférence pour l’égalitarisme à l’augmentation non linéaire et égalitaire des rémunérations, ont refusé le dispositif.
La presse, dans une campagne orchestrée, a affiché à peu près tout et n’importe quoi, mais l’à peu-près des informations a suscité une puissante et argumentée réaction.
Pour le moment, on touche au flux des partants en retraite, en réduisant leurs droits au moment du passage sous ces fourches caudines, mais il faudra nécessairement toucher aussi au stock, car il est impensable d’avoir dans le même pays des retraités riches et des travailleurs pauvres, bien que le gouvernement hésite, car les anciens participent au vote, au contraire des jeunes, appartenant aussi en cela à une génération plus civique.
le monde des blogs
Un blog connait les mêmes difficultés que tout travail de création, l’inspiration vient goutte à goutte, et s’épuise vite, il faut rester attentif aux choses infimes, ce sont les plus grandes inspiratrices. On parcourt aussi les autres blogs, mais l’on se rend compte que le travail de création, de recherche, n’est pas si répandu, que l’on est soit dans l’intime, mais qui n’est pas compréhensible, soit dans la reprise, ce qui contribue au bourdonnement.
Je me souviens d’un ancien énarque, qui disait ne pas croire au « génie méconnu », que tout ce qui était bon était reconnu, et que tout était ainsi pour le mieux dans le meilleur des mondes.; Je ne sais pas s’il avait raison, et je ne le saurai jamais. Je trouve des bons blogs, qui valent de bons articles de journaux, je ne sais s’il faut parler de génie, mais leurs auteurs ne roulent pas sur l’or. Peut-on dire par ailleurs que tout ce qui est reconnu est bon ? Il y a parfois un tel travail de « communication » orchestré, que des arguments s’imposent plus par leur fréquence que par leur bien-fondé.
Les titulaires des anciens medias ont un regard contempteur sur le monde des blogs, dont ils considèrent qu’ils n’ont pas de légitimité. Mais peut-on considérer que le monde de l’édition est capable de faire émerger des talents, ou est-ce que, comme ce monde le reconnait à demi-mots, il y a un part d’aléa, et l’immensité de ce qui est refusé, est à peu près au même niveau que ce qui est édité, les contingences faisant le reste ?
Est-ce que cet énarque avait raison, est-ce que tout ce qui était à venir est advenu ?Est-ce que les mailles du système de reconnaissance sont assez fines ?
Je connais certains des blogueurs que je suis, certains ont eu une scolarité en dents de scie, des qualités leur ont été reconnues, mais ils ne disposaient ni des codes de la société, ni des réseaux. On me signale le cas d’intellectuels médiocres qui ont accès au « milieu » médiatique, parce que bien pourvus en relations sociales.D’autres sont des sortes d’ouvriers philosophes, auxquels le net donne un accès à la diffusion, une diffusion qui va au-delà des cafés, et des cercles d’amis.Je me dis qu’ils doivent consacrer un temps considérable à leurs articles, à se documenter, à aller chercher d’autres faits que ceux que les medias mettent en avant. Imaginer un autre monde que celui des économistes, pour qui la matière est complexe, mais les conclusions simplistes, et très marquées socialement, puisqu’il suffit de travailler plus longtemps et de gagner moins.
Le blog est-il révélateur d’une misère de l’édition, d’un contraste important entre les capacités d’écriture acquises par l’ensemble d’une population, et son accès à la parole ? le rapport des deux grandeurs n’a jamais été aussi important depuis que l’humanité existe.
Nous sommes dans le post-journalisme, ou les gens se distraient et s’informent à travers des productions artisanales, en petite série.
On constate sans doute le même écart entre les amateurs de musique, et la possibilité réelle de faire un spectacle, d’être connu, mais on peut se faire un petit public via youtube, et donner rendez-vous à ses fans.
Je ne sais donc s’il reste des artistes, des productions méconnues ou non, ou si tout ce qui méritait de l’audience en obtient, ou si tout cela est sans rime ni raison, mais avec le blog on a donné un espace nouveau, qui reste à exploiter encore.
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