triton95

un regard sur le monde

Archive for mars 13th, 2011

Le travail des femmes sera-t-il encore possible demain

leave a comment »


Le travail des femmes a émergé avec la désindustrialisation, l’arrivée d’une société de service et les gains de productivité liées à l’électro-ménager. Toutefois, on constate que lorsqu’une profession se féminise, elle perd en rémunération. Comme si l’employeur prenait en compte la rémunération supposée du mari, où que la lutte se concentre moins sur le monétaire du fait que les femmes sont davantage aidées que les hommes sur le plan social, et que cela réduit la pression sur leurs salaires. C’est en même temps un phénomène général de baisse du pouvoir salarial, de la perte de ses moyens de pression antérieurs qui explique cette situation.
Une femme qui travaille consacre une grande part de son revenu à payer quelqu’un au même tarif horaire pour faire ce qu’elle ne fait plus. Le seul à disposer d’un revenu final est donc l’aide ménagère ou la nounou, comme si l’argent ne faisait que transiter dans les mains de celle qui choisit de travailler et de sous-traiter ce qu’elle faisait. Demain, avec le transfert de la charge de la dépendance vers les familles, ne verra-t-on pas ce travail féminin devenir davantage un luxe, et ne sera-t-il pas de plus en plus coûteux à perpétuer ? est-ce que la financiarisation des taches domestiques ne va pas atteindre sa limite et buter sur la baisse des rémunérations du travail salarié. Aura-t-on encore les moyens de libérer les femmes de ce travail ancestral ? ce n’est pas une question passéiste, chaque fois que l’on nous a servi un modèle de pays à faible chômage, comme la Hollande, l’Allemagne, un regard plus poussé a montré que c’était par l’élimination du travail féminin que l’on était parvenu à ce résultat? En France, la possibilité du travail féminin serait à l’origine de la forte natalité, mais cette émancipation correspond aussi à un taux de divorce élevé, est-ce que le mariage est encore un marché équilibré et attractif ? on peut dire qu’il correspond davantage à un idéal théorique, mais est-ce qu’un idéal théorique, plus juste dans l’absolu est plus facile à vivre ?

Written by Le blog de Jean Trito

13 mars 2011 at 10:01

sur l’islam dans notre société, ce que dit Rokhaya Diallo entre les lignes

leave a comment »


J’entends Rokhaya Diallo se plaindre, au-delà du racisme ordinaire, de l’assimilation que l’on fait en fonction de la couleur, et qui aboutit à la considérer comme une africaine, alors qu’elle a grandi en France. Une des critiques du racisme n’est pas de toucher aux préjugés, jugements communs, mais reprocher à ces jugements communs d’être appliqués à des gens qui ne se sentent pas étrangers. Elle déplore la création d’une catégorie, et l’amalgame dans cette catégorie de gens qui ne s’en considèrent pas partie prenante. La critique antiraciste ne s’attaque pas au contenu, mais au droit que s’arrogent certains de vous classer. La possibilité de classer les autres, est une situation de surplomb social, un sentiment de supériorité. Lutter contre le racisme c’est lutter contre l’enfermement dans une catégorie, qu’elle soit populaire, ou savante. On peut aussi dire que le raciste est une forme de sociologue, qui essaie de dégager des lois générales de comportement, et de proposer une classification. D’ailleurs les grands théoriciens racistes furent d’abord des scientifiques, jusqu’à ce que leur raisonnement les amène à une absurdité.
Elle s’étonne que l’on ne la classe pas comme musulmane, ce qui est sans doute lié au préjugé que l’islam est lié aux arabes, alors que sur un milliard de musulmans, seulement 20 % sont arabes. Un sénégalais expliquait qu’il était interdit d’évoquer la traite transaharienne, pour des raisons de religion. Elle esquisse une phrase sur le racisme entre arabes et noirs, qui est toujours une surprise pour l’occidental, parce que l’on n’en comprend pas le soubassement, il est souvent extrêmement viscéral. Elle rappelle en passant, en évoquant le débat sur les religions, que les français sont pour la plupart athées. une dimension qu’Emmanuel Todd rappelle souvent, mais que l’on n’évoque jamais médiatiquement. Les français d’âge mur ont pour la plupart, vécu dans un monde sans religion, où elle était plutôt mal vue pour son obscurantisme, et ne correspondait pas à l’esprit des années d’après-guerre. Nous sommes façonnés par un monde où la pratique est minoritaire, il était évident que l’émergence dans la visibilité de la religion musulmane, avec l’inégalité entre les sexes, la burka, allait être un choc psychologique, et que cela ne pourrait pas passer compte tenu de notre représentation du monde. A un certain point, c’est incompatible.

Written by Le blog de Jean Trito

13 mars 2011 at 09:48