triton95

un regard sur le monde

Il y volait des oies sauvages Et je croyais y reconnaître Du Rainer Maria Rilke.

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La chambre aux échos
Richard Powers

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Richard Powers dans la chambre aux échos, un grand roman américain, rappelle lui aussi le lien entre les grues et Rilke, sans que j'aie pu retrouver la référence. Les grues, c'est le drame écologique, la surexploitation de la nature, le tourisme prédateur, mais c'est c'est aussi l'éclatement du moi, le mystère de l'unité de conscience et l'éclatement des aires et des fonctions du cerveau, que l'écrivain semble avoir puisé dans l'homme neuronal de Jean-Pierre Changeux.

On y voit un psychiatre qui a fait sa fortune médiatique avec des best-sellers racontant des cas mettant en valeur, à travers leur étrangeté, le fonctionnement du cerveau. On peut penser à Oliver Sacks, et "l'homme qui prenait sa femme pour un chapeau". Il se rend compte qu'il ne peut rien pour l'homme qui a perdu la mémoire de ses êtres chers, et cette impuissance le pousse à remettre en question sa vie.

Le héros a perdu la mémoire particulière des êtres les plus proches, par déconnexion entre son intelligence et son émotion, il ne ressent plus les émotions qui lui feraient ressentir comme proches les proches, ils lui apparaissent comme d'étonnants sosies.

Il y a ceux qui ont perdu le passé et ceux qui le dissimulent, qui jouent un autre rôle que le leur.

C'est un livre profond, sur l'identité, sur l'esprit, sur notre conscience qui n'est qu'une illusion d'unité.

C'est aussi un livre politique sur l'Amérique, la guerre d'Irak est un fond sombre, la question de la sécurité sociale une injustice lancinante.

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Written by Le blog de Jean Trito

3 novembre 2009 à 10:06

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