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Les envahisseurs

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Cette série de 1968, je l’ai suivie avec toute l’attention de mes yeux d’enfants, veillant un peu plus tard qu’autorisé, car elle n’était pas en prime time à l’époque, même si l’absence de pub permettait de la voir dès 21h30. J’ai voulu la revoir longtemps après, et je suis surpris qu’elle n’ait pas vieilli, sauf pour les effets spéciaux. Le regard bleu, angoissé, très proche du jeu de Jean-Louis Trintignant de Roy Thinnes reste marquant. C’est un homme qui se bat contre tout le monde, cherchant à montrer que l’humanité est infiltrée par les envahisseurs, venus d’une autre galaxie, dont le but est la conquête. Peut-être à l’époque pouvait-on voir un reflet du maccartysme, un soupçon de la guerre froide, mais après tant d’années soit le contexte historique n’a jamais été celui là, soit il a été oublié.ôtes

Au contraire, les envahisseurs contiennent une charge émotionnelle toujours d’actualité, sommes-nous manipulés, perdons nous notre empathie comme ces êtres insensibles, sommes-nous pris chacun dans un combat solitaire contre une chose qui détruit notre humanité. Les paysages de cette très vielle série sont ceux de l’amérique profonde, pas de l’amérique des grandes villes et des côtes, plus ouverte. On y voit des texans, des « braves gens » vivant dans des villages isolés, dont les valeurs ne sont pas galvaudées. Loin du modernisme, la série nous promène dans une amérique des petites villes, repliées sur elles-mêmes, parmi des gens très éloignés du brassage. une amérique ancienne et authentique, et au-delà du jeu très soutenu et remarquable des acteurs, il faut noter les rôles de femmes, fortes, esseulées, en manque d’un homme qui resteraient avec elles, prises dans une solitude fière mais insupportable. Je ne sais si les scénaristes de l’époque se sont rendus compte de cette amérique profonde qu’ils dépeignaient.

David Vincent est un héros tragique, entre Guy l’éclair et l’homme dans le labyrinthe, en butte aux institutions et aux incrédulités. C’est ce qui est si fascinant dans cette série, elle est comme une quête d’un homme en lutte contre l’inhumain, contre toutes les pressions. Les ressorts psychologiuqes en sont une extrême solitude de l’homme moderne, évoluant dans les paysages désespérants de Edward Hopper.

Written by Le blog de Jean Trito

17 février 2013 at 18:49