Arno Klarsfeld veut-il tuer le père ?

« Entre les Etats-Unis et le Mexique, il y a une grande barrière sur toute l’étendue du territoire, avec des patrouilles qui patrouillent sans cesse. C’est ce qu’il faut faire aux frontières européennes, c’est-à-dire en Grèce » argumente Arno Klarsfeld qui reprend là une idée déjà en débat au sein de l’Union Européenne.

« un mur c’est fait avec des fils, des barbelés, un mur quoi, comme à Rome, il y avait un mur. La paix a duré quatre siècles », en référence au mur qui marquait les limites de l’Empire contre les barbares venus du Nord.

Thierry Henry, l’alibi

Je reviens souvent sur cet exemple de manipulation, sans doute soufflé par un communicant du président et qui m’a tellement frappé à l’époque. En juin 2010, alors que 3 millions de français défilaient dans les rues contre le recul de l’âge de la retraite, soit beaucoup plus que les manifestations de l’école catholique dont on dit qu’elles firent vaciller le pouvoir, le président de la république, sur son agenda, n’avait d’autre activité que de recevoir Thierry Henry, le footballeur afin qu’il explique la déroute de l’équipe de France en Afrique du sud.

L’idée des communicants, de trouver un dérivatif, afin de ne pas parler des grèves et des manifestations, et d’autres problèmes sociaux a du être longtemps étudiée. On a réussi à déplacer l’attention sur le problème mineur du football, sans enjeu social, ni même du prestige qu’on lui a prêté, car celui de la France n’a pas disparu à cette occasion. Du même coup on faisait le lien avec « les problèmes de l’émigration » qu’à son insu Thierry Henry a représentés, car évidemment, les problèmes de l’équipe de France étaient métaphoriques des problèmes de l’émigration, justement le thème de campagne et la marque de fabrique de Sarkozy. On a ainsi embarqué les medias sur un sujet sans intérêt, afin de ne pas poser de questions sociales, bien plus embarrassantes.

Je crois que c’est un cas d’école de ce qu’est le sarkozysme, une poignée de paillettes pour ne pas aller au fond des choses. Il a même accepté pour cela de figurer sur une photo, en compagnie d’un homme qui n’est pas de petite taille, mais Paris vaut bien une messe.

Les illusions des émigrants

Les émigrants nourrissent-ils des illusions plus grandes sur le pays où ils désirent se rendre que celles qu’ils auront sur leur pays d’origine une fois qu’ils seront installés, et qu’ils se tourneront vers un passé qu’ils imagineront immuables. Soit ils deviennent des étrangers à leur propre pays, parce que leur évolution leur montre un écart incommensurable avec un pays qui n’a pas bougé, soit ils restent figés dans un pays imaginé, qui évolue alors qu’ils vivent encore dans son passé.