Brèves réflexions

Il ne faut pas perdre les idées qui surviennent brusquement, choc de mots et de sonorités, ce sont les meilleures, et le temps de chercher à les noter, elles sont déjà passées comme passent les rêves, ces créations alambiquées d’associations. C’est parfois en écrivant aussi que les idées viennent, elles sont issues de ce brassage qu’est l’écriture, cette recherche des tréfonds.

La futur inspire l’adolescent, le passé l’homme mûr. La nostalgie n’est pas le passé, c’est le plaisir pur de ce qui est perdu, et dont la remémoration ou la reconstruction romancée embaume l’esprit. C’est aussi parfois une recherche du passé des autres, dont on espère que la beauté dépassera celle du passé dont on dispose. Les lendemains qui chantent et l’âge d’or ont en commun d’être des paradis perdus, l’un parce que le futur et l’improbabilité nous en séparent, l’autre parce qu’il est tombé dans l’abîme du temps.

Le passé est décevant lorsqu’il n’est pas un pur souvenir personnel, et qu’on le confronte avec une réalité, ou avec le souvenir des autres, quand les cœurs ne s’accordent pas sur le sens à lui donner, et viennent ainsi désaccorder ce qui était personnel et harmonieux, comme une musique mal interprétée, ou une faute de goût qui gâche un effet d’ensemble par ce qu’elle révèle de disharmonie.